L'univers des écrits de et sur Albert Londres






pour chaque article : illustrations, aphorismes "londresiens" et accès au Fac similé intégral du journal en pdf.


livre 5 Dans la Russie des Soviets - mars mai 1920



A.L. réalise en 1920 un voyage qu'il projetait depuis 1917. Mais il mit 52 jours pour aller de Paris à Pétrograd, naviguant de contacts en contacts en Allemagne, les pays baltes puis scandinaves avant d'obtenir enfin le bon visa. Il ne sera pas déçu en découvrant le surréalisme de la situation.

L'essentiel des écrits antérieurs d'Albert Londres concerne des faits de guerre vécus sur place. Ce qui ne laissait guère de place à la fantaisie ni aux bons mots. On a cependant vu se développer son analyse critique et le sens de la géopolitique lorsqu'il s'est rendu au coeur de pays dont les gouvernements sont asssez chancelants, pour ne pas dire fantoches. Il pouvait d'autant mieux le faire qu'il était en dehors de son propre pays. Il va pouvoir en ce domaine donner sa pleine mesure, en un pays qui a remplacé la misère par une misère encore plus grande, avec ce qu'il nomme une dictature de l'État sur le prolétariat.


L'Excelsior : reportage en 1920 - les Annales politiques et littéraires : nouvelle introductiion en 1921

Albert Londres, qui était au Caire, est appelé par son journal, l'Excelsior, pour aller à Moscou. Il pensait y être en huit jours. 52 journées de démarches et demandes d'autorisation lui permirent d'arriver à Petrograd. L'Excelsior en fait part le 22 avril et commence à publier les articles à partir du 12 mai. Ceux-ci, au nombre de 15, s'étaleront entre le 12 et le 27 mai.

Plus d'une année après, la revue hebdomadaire "les Annales Politiques et Littéraires" publie une série de 4 articles les 20, 27 novembre, 4 et 18 décembre 1921.
Les trois premiers, sous le titre général "Comment on entre en Russie rouge" réécrivent le récit de quête de visas auprès de diverses organisations, puis l'arrivée par la Finlande, à Petrograd. Ce qui correspond, avec ajouts, à l'article du 22 avril et une part de celui du 12 mai, en une relation plus littéraire.
Le dernier article des Annales, le 18 décembre, est intitulé "Ce que j'ai vu en Russie rouge" et reprend, en les résumant, les contenus de la fin de l'article du 12 mai et des articles des 13 et 14 mai parus dans l'Excelsior.
La publication en librairie sous le nom de "Dans la Russie des Soviets" (édition Arléa), reproduit les trois premiers articles des Annales en remplacement de l'article du 22 avril et de la première partie de celui du 12 mai de l'Excelsior, suivis de tous les articles de l'Excelsior à partir de la deuxième partie de celui du 12 mai.
En un souci d'exhaustivité, les séries des 2 journaux sont montrées ici, en plaçant en tête la publication des Annales pour des raisons évidentes de compréhension.




Annales Politiques et Littéraires 20 novembre 1921
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Entre Paris et PetrogradDDDDComment on entre en Russie rouge
"Voilà! me dit-on. Nous avons pensé que vous aviez trop chaud au Caire. Voulez-vous goûter de Moscou?" Bien, dis-je. Dans combien de temps y serez-vous?" Huit jours! dix jours! sait-on? Oui, sait-on?.




Annales Politiques et Littéraires 27 novembre 1921
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Comment on entre dans la Russie rouge






Annales Politiques et Littéraires 4 décembre 1921
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Comment on entre dans la Russie rouge

On aurait dit qu'à mesure que j'avançais, l'air de la Russie se raréfiait. Je recevais, à mon insu, le baptême du bolchevisme.





Annales Politiques et Littéraires 18 décembre 1921
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Petrograd et Moscou







Excelsior 22 avril 1920
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Excelsior 12 mai 1920
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Arrivée à PetrogradDDDDComment on entre en Russie rouge
On aurait dit qu'à mesure que j'avançais, l'air de la Russie se raréfiait. Je recevais, à mon insu, le baptême du bolchevisme. J'avais déjà une main sur la nuque.
Deux datchas jumelles. C'est là que l'on va me "déposer"... Un pas, c'est une dame... "vous n'êtes pas chez moi, c'est moi qui vient se mettre à vos ordres. On vient de me faires sortir de prison pour vous servir".
Le camarade commissaire, flanqué du camarade interprète, venait m'interroger. "A quel parti politique appartenez-vous?" Je dus leur répondre que je ne savais Pas. Et je leur parus un pauvre garçon.

PetrogradDDDDLa désolation de Petrograd (Excelsior, 12 mai 1920)
Alors, cela, Petrograd, c'est fantastique. On dit que c'est une ville assassinée, ce n'est pas assez : c'est une grande ville assassinée depuis deux ans et laissée là sans sépulture, et qui maintenant se décompose.
D'abord on ne marche pas à Petrograd, on erre. Trois cent mille personnes ont trépassé cet hiver, ce ne sont pas les voitures qui les ont écrasées : il n'y en a pas.
Alors vous comprenez : l'espoir... c'est la soupe soviétique. Chacun porte son écuelle... la portion de bouillon immonde, éclaboussant, tombe comme elle peut dans les baquets. C'est le dernier degré de la dégradation, ce sont les étables pour hommes. C'est la troisième Internationale. A la quatrième, on marchera à quatre pattes, à la cinquième, on aboiera.




Excelsior 13 mai 1920
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Petrograd avrilDDDDSa Majesté Prolétariat Internationale (Excelsior, 13 mai 1920)
L'homme n'est pas arrivé au vingtième siècle pour posséder des libertés individuelles. Qui recherche sa liberté, liberté d'agir, de vivre, de penser, est un réactionnaire.




Excelsior 14 mai 1920
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Du pouvoir, les chefs, Lénine et Trotski, possèdent les principales qualités : ils savent ce qu'ils veulent et ils n'ont pas peur de le vouloir... L'avenir est à eux, au moins ils le croient dur comme fer. Le bolchevisme n'est pas un parti politique, c'est une religion.

Lénine règne sur toute la Russsie, excepté sur cent millions de paysans. "Prenez la terre, elle est à vous", leur a-t-il dit. Il ajouta "elle est à vous, mais son produit sera à l'État". Bien! fit le paysan, alors elle ne produira rien.






Excelsior 15 mai 1920
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Moscou avrilDDDDEntretien avec Tchitcherine (Excelsior, 15 mai 1920)
Le camarade Tchitcherine, commissaire aux Affaires Etrangères, nous recevrait avec plaisir à trois heures du matin. Deux heures de la nuit. Des coups de fusil, par-ci, par-là, sont tirés. Le camarade Tchitcherine est exact. A trois heures, on nous inroduit dans son cabinet. "On se plaît toujours à dénaturer notre politique...nous voulons la paix avec tout le monde. Nous ne sommes les ennemis de personne. Nous désirons, au contraire, devenir les amis de tout le monde... Nous agirons, non point comme les anciens régimes, en opprimant pour posséder, mais en libérant pour recevoir."
On aurait cru entendre un autre ami du peuple prononcer :"Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté"."




Excelsior 17 mai 1920
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Moscou avrilDDDDC'est la dictature au nom du prolétariat (Excelsior, 17 mai 1920)
La Révolution française avait proclamé les droits de l'homme, la révolution bolchevique proclame les droits de l'État sur l'homme... Venez voir les travailleurs à Petrograd et à Moscou. "Armée du Travail", tout comme "Dictature du Prolétariat", est une formule à l'encre sympathique. A la lumière des chandelles, elle signifie : "Travaux forcés".





Excelsior 18 mai 1920
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MoscouDDDDsingulière conversation avec le commissaire aux Finances (Excelsior, 18 mai 1920)

"Notre idéal est la suppression de l'argent" Comment paierez-vous les ouvriers? "Par de bons logements, des cartes de nourriture, de tabac, de théâtre. " Et celui qui ne fume pas? "Il recevra un supplément de nourriture."






Excelsior 19 mai 1920
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Moscou DDDDrencontre de 2 bolcheviques français (Excelsior, 19 mai 1920)
"Il faut s'habituer, je vous l'accorde aussi. Mais quand on a compris ... on se demande comment on a pu vivre avant la naissance du bolchevisme".
Cette année, disent les quelques Russes qui conservent la force de se moquer d'eux-mêmes, nous chantons, nous sommes des oiseaux, nous mangeons du millet; l'année dernière, nous hennissions, nous étions des chevaux, nous mangions du foin; vous voyez, il y a progrès.




Excelsior 20 mai 1920
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Excelsior 21 mai 1920
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Excelsior 22 mai 1920
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Excelsior 23 mai 1920
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Moscou avrilDDDDChez maxime Gorki (Excelsior, 23 mai 1920)
Cheveux ras, noirs, tête taillée à la serpe, yeux hardis, haut de corps, large d'épaules, ferme dans son pas. C'est sûrement le seul homme, depuis que nous sommes en Russie, que nous voyions sûr de lui. Comment? Voilà un être qui n'a pas le regard du chien battu, ni l'oreille aux aguets? Il marche carrément et sa voix sonne comme il a envie qu'elle sonne!




Excelsior 24 mai 1920
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Moscou avrilDDDDL'armée rouge fait l'union sacrée (Excelsior, 24 mai 1920)
C'est pour les chefs, pour ceux qui pensent, le mélange de patriotisme et de terreur qui les maintient en place. Oui, ce sont les anciens officiers du tsar - ceux qui restent - ... qui mènent l'oeuvre de Trotski.




Excelsior 25 mai 1920
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Excelsior 26 mai 1920
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Moscou avrilDDDDPromenade à travers Moscou (Excelsior, 26 mai 1920)
Il semble d'abord que vous allez dans une ville qui n'aurait pas été nettoyée depuis des années. Les coupoles d'or des églises sans nombre resplendissant au soleil, tels de fastueux tarbouchs de nabab, écrasent insolemment, comme un passé trop haut pour qu'on ait pu l'atteindre, cette misère nouvellement régnante.
Vous verrez, par les vitrines, qu'autrefois des magasins existèrent. La civilisation décadente avait créé des besoins à l'homme, la civilisation régénératrice l'en a dépouillé.




Excelsior 27 mai 1920
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Moscou avrilDDDDLénine et Trotski (Excelsior, 27 mai 1920)
Lions-les. Ils doivent l'être. Il n'y a pas de Lénine tout court, il n'y a pas de Trotski tout court : il y a Lénine, Trotski. Sans le premier, qu'aurait fait le second? Sans le second, qu'aurait fait le premier? C'est Lénine qui a dit : "Là, dans ce rocher se cache une source, si quelqu'un frappe, elle jaillira." Et c'est Trotski qui a frappé.



Article paru dans COMOEDIA

Comoedia 26 août 1920
fac-similé du journal Gallica


Comoedia 26 août 1920
fac-similé de l'article Gallica


AU THEATRE EN RUSSIE ... EN 1920
C'est un îlot qu'aurait épargné l'inondation et qui continuerait à fleurir entouré de tous côtés des cadavres qui remontent.
L'oeuvre des bolcheviks comporte deux parties uniquement : ce qu'ils ont démoli, ce qu'ils n'ont pas touché. Le théâtre compte dans la deuxième.


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