L'univers des écrits de et sur Albert Londres






pour chaque article : illustrations, aphorismes "londresiens" et accès au Fac similé intégral du journal en pdf.


livre 6 - 1920-21 L'après-guerre en Europe



La Grèce entre Vénizelos et Constantin


De retour du pays "bolchevique" Albert Londres passe quelques mois dans le quotidien de la politique française, et se repose quelque peu. Il repart à l'automne sur le théâtre d'opérations qu'il avait couvertes. D'abord en Grèce vers sa vieille connaissance Éleuthérios Vénizélos, l'opposant de Constantin, puis pour voir ce que sont devenus les Bulgares qui font tout pour se faire oublier. Enfin pour recueillir des témoignages intéressants sur l'Allemagne occupée et furieuse des conditions qui lui ont été imposées par le traité de Versailles. A.L. décrit les opérations et tractations entreprises par les responsables politiques allemands pour se soustraire à l'ultimatum français du 1 mai 1921 sur le règlement des sommes dues.

Comme vis-à-vis de la Russie dont il revient, mais où il a attrapé une soviétophobie inguérissable, A.L. analyse les soubresauts de la péninsule des Balkans avec une froide et sereine distantiation.



L'Excelsior 10 septembre 1920
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L'Excelsior 29 octobre 1920
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Athènes 20 octobre
La lutte physique qu'opposa Alexandre à la mort fut déchirante. Il ne voulait pas trépasser. Il le criait à tous. Mais un roi ne doit être qu'un homme. C'est fini.








L'Excelsior 30 octobre 1920
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Le corps d'Alexandre est conduit de Tatoïà à la métropole
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L'Excelsior 31 octobre 1920
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Comment l'amiral Coundouriotis fut nommé régent
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L'Excelsior 7 novembre 1920
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La Grèce choisira dimanche prochain.






Athènes 3 novembre Sur trois cent soixante-dix sièges, M.Vénizelos compte en remporter près de trois cents.
Les dés sont jetés: ou M.Vénizelos ou Constantin. On se croirait revenu quatre années en arrière. L'époque homérique où déjà s'affrontaient les deux hommes recommence.






L'Excelsior 23 novembre 1920
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les constantiniens votent pour Gounaris



Athènes 16 novembre

Dimanche jour des élections...Une salve de coups de revolver éclate place de la Constitution. Il n'y a plus de doute possible : Vénizelos est battu.
Nous ne vîmes pas Vénizelos. Il pleurait à cause d'une dépêche. Cette dépêche lui disait que la Macédoine ne lui avait pas donné un siège. Et il pleurait parce qu'il l'a pourtant délivrée deux fois des Bulgares...



L'Excelsior 25 novembre 1920
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la Grèce über alles

Athènes novembre
Tout le monde a le droit de se suicider... La Grèce, dans un large sourire, s'est guillotinée. ... Les Grecs ont pris Vénizelos pour Nicolas II et l'ont détrôné, et Constantin pour Lénine, pour l'homme qui ferait descendre le ciel sur la terrre. ... Il y avait le bolchevisme, les riverains de l'Égée ont inventé le bolchevisme cubiste... Ils avaient prouvé qu'ils étaient maîtres de passer leur cou dans le noeud coulant.


Dans les Balkans


L'Excelsior 2 février 1921
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Entretien avec M. Stambouliski président du Conseil de Bulgarie
Sofia 27 janvier

Massif comme un fort bétonné, mâchoire à broyer du silex, cheveux plantés sur la tête tels tessons de bouteilles à l'arête d'un mur... les rides lui viendront, mais ce ne sera pas d'avoir souri... même immobile il est fougueux. Ses poumons? quelle forge! et quand il parle on dirait qu'il tonne.
"les alliés devront régler eux-mêmes notre compte avec la Grèce... Je suis le représentant des paysans de Bulgarie, qui sont quatre-vingts pour cent du pays... Si les bolcheviques forçaient mon territoire pour atteindre Constantinople... l'Europe serait étonnée des mesures que l'Internationale verte prendrait contre l'Internationale rouge."



L'Excelsior 6 février 1921
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Une audience avec Boris III de Bulgarie
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Sofia 31 janvier
C'est le tsartsé aujourd'hui qui est là.... "Mais moi, je ne pars pas"... c'était Boris, vingt-sept ans, l'héritier... L'ère des princes désignés pour vivre seuls est sans nul doute arrivée sur la terre. Plus fin de race qu'une guêpe de taille. Gentillesse dans l'âme, âme sur le visage... Bien qu'il n'ait pas encore adhéré à la IIIème Internationale, il est le camarade de tout le monde. Il n'a pas que des qualités. Son défaut est la bonté. Il est trop bon... Une porte s'ouvre. Le tsar est en civil. Quel gentil roi !.
" On a vu trop d'horreurs. J'ai vu trop d'horreurs. La mesure est dépassée. Nous avons fait route vers l'arrière...Ma tâche est de faire que la Bulgarie concoure avec tous les autres pays à réparer les maux horrifiants de la guerre



L'Excelsior 13 février 1921
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la Bulgarie ne veut pas demeurer isolée
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Sofia février
Un monsieur s'approcha de moi : "La Bulgarie est ce qu'elle est, et çà lui suffit. Elle entend ne duper personne.... de tous les pays des Balkans, le seul qui n'ait jamais fait le jeu de l'Allemamgne est la Bulgarie.



L'Excelsior 28 février 1921
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L'Internationale verte

Sofia février
Ce n'est évidemment pas Moscou. On voit que l'Internationale verte prend sa source dans les campagnes : l'air y est respirable... L'Internationale verte est cependant une dictature, la dictature du paysan. Stambouliski aime la légalité... Une loi dit " les plus belles maisons seront prises par l'État. L'État y installera l'école, la poste, etc". Il y a le travail forçé. Même mot, pas même chose qu'à Moscou. Chaque semaine, tout homme doit un jour de labeur gratuit à son village. Il trace, construit, plante... c'est immédiatement pour lui. C'est l'internationale personnelle.
Le paysan est le chef, mais Stambouliski est le chef du paysan.



L'Excelsior 9 mars 1921
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Sept années de guerre n'ont pas apporté la paix
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Belgrade 1er mars
Ensemble allons par les Balkans. C'est un tour de labyrinthe que nous vous offrons là. Qui dit "balkanique" dit : "où Tacite lui-même perdrait son latin". C'est la fièvre, non la paix, qui s'étend sur les Balkans.
  • En Grèce c'est la confusion... Constantin, à force de crier combien il aime l'Entente, est sur le point de devenir aphone...les Athéniens l'ont dans le sang, c'est un vice. Il peut les empoisonner, comme en ce moment, mais si dé-li-ci-eu-se-ment qu'on l'aimera quand même.
  • Constantinople ! ce n'est plus qu'un immense fumier où, par milliers, gémissent les Job. Il y a là tous les pouilleux et tous les aristos de la débâcle orientale, tous les affamés de harengs saurs et tous les mangeurs de diamants de leurs femmes.
  • La Roumanie voit les soviets aux abois en armes à sa frontière. A Bucarest, on a l'impression d'être dans une maison où si l'on en croit la foule qui s'y presse on ne s'ennuie guère, mais dont le plancher va s'ouvrir sous vos pas.
  • La Bulgarie imite le mort, elle ne bronche pas. Depuis sa dernière erreur, qui l'a laissée inanimée sur le pavé, elle a confectionné un bâillon et se l'est placé elle-même sur les lèvres... Elle en a assez, elle ne joue plus! Mais elle soupire.
  • La Serbie voit de sa grandeur même naître ses soucis. L'illustre valeur de son soldat lui valut de devenir la tête de neuf millions de ses frères, les Croates et les Slovènes et de se fondre en Yougoslavie. C'est justement cette fonte qui a du mal à s'opérer.
  • A première vue ... convier Serbes et Bulgares à célébrer leurs noces ne peut sembler que lugubre fantaisie.
  • Sauf l'intervention du Déluge la question de Macédoine aura beau se coucher tous les soirs avec le soleil, elle se lèvera chaque matin en sa compagnie.




Notre occupation en Rhénanie


L'Excelsior 11 mars 1921
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Comment les Alliés sont accueillis à Düssseldorf


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Düsseldorf mars
"Ce n'est pas vous qui nous empêcherez de faire de la musique, nous vous donnerons même des places pour le théâtre.. Soyez les bienvenus, profitez de votre présent ...". C'est de plus en plus curieux. Nous ne les avons pas mis en colère, mais en goût - du moins c'est à le croire. Est-ce mot d'ordre, est-ce dédain, est-ce résignation? Il y a des trois.
Se moquent-ils de nous? Ce n'est pas cela, ils se moquent de la fragilité des mesures que nous pourrons décider. Pour éviter l'essentiel, l'irrémédiable, c'est-à-dire payer, ils sont prêts à tout.



L'Excelsior 18 mars 1921
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L'étrange spectacle que présente Düsseldorf

Düsseldorf 10 mars
Repus, gorgés, les magasins donnèrent sans plus tarder le jour à des pancartes. "ici, occasions bonnes", "Solides et recommandées marchandises". Nous venions leur faire rendre "l'argent". Nous commençâmes par leur en laisser.



Les rois en exil


L'Excelsior 4 avril 1921
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L'Excelsior 8 avril 1921
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L'Excelsior 9 avril 1921
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Charles IV se considère comme un roi en vacances


L'Excelsior 13 avril 1921
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Une enquête en Allemagne


L'Excelsior 17 avril 1921
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Berne 16 avril
Le docteur Simons est venu à Berne pour gagner, d'un côté, les autorités; de l'autre, l'opinion publique à la thèse allemande... La Suisse officielle est convaincue que l'Allemagne est dans l'impossibilité de faire face à ses engagements...L'éminent et aimable président M. Schultess peut déclarer qu'en aucun cas il n'interviendra dans le conflit. Mais nous pouvons de même assurer, à notre tour, qu'il n'en pense pas moins.



L'Excelsior 30 mai 1921
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Le labrinthe berlinois où il est difficile de saisir la vérité



L'Excelsior 1 juin 1921
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Ce que dit monsieur Hermann Muller
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Berlin mai
"J'avais espéré que l'esprit d'hostilité qui gagne, d'heure en heure, nos deux pays ne naîtrait pas". Nous nous rencontrons avec l'ex-chancelier, qui signa le traité de Versailles. A quoi attribuez-vous l'échec de votre rêve? "A l'agitation nationaliste allemande qui trouve son aliment dans une même politique nationaliste des gouvernements français".



L'Excelsior 2 juin 1921
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la France ne demande qu'une partie de ce que nous lui avons fait perdre
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Ce que la France demande, ce ne sont point des trésors dont elle pourra se réjouir, mais une partie de ce que nous lui avons fait perdre." Le travailleur accablé qui expédie seul, chaque semaine, les quatre cent vingt feuilles aux lignes serrées de la Zukunft ... Maximilien Harden, frisé comme un démon séduisant, sans passion, nous parle du haut de sa splendide sérénité. "Et, de fait, l'Allemagne vous a mordu toutes les fois qu'elle a pu".



L'Excelsior 3 juin 1921
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les récriminations de monsieur Théodor Wolff
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Berlin mai
Ne pas vouloir payer et nous couvrir chaque matin d'injures, c'est trop. C'est ce que nous pensions en nous rendant chez M. Theodor Wolff, rédacteur en chef du Berliner Tagblatt et pourfendeur quotidien de la France... l'as des journalistes à cinquante pfennings. Son journal représente les intérêts de la banque et du commerce, sa situation est énorme. "Pendant la guerre, répétons-le, il n'y avait aucune haine contre vous en Allemagne... L'erreur initiale de vos gouvernements, je la connais. Ils étaient persuadés que l'Allemagne ne pourrait supporter l'idée d'avoir perdu cette guerre et que l'esprit militaire renaîtrait. C'était faux."



L'Excelsior 4 juin 1921
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La République allemande
Berlin 31 mai

La République allemande est due non à une évolution, mais à une révolution. Huit jours avant sa naissance, l'idée n'en avait encore jamais fleuri, même chez les socialistes... Et maintenant c'est une minorité qui la nourrit de sa force : la classe ouvrière... Elle ne respire pas fort, mais c'est un nouveau-né... l'Allemagne c'est la Prusse, notre vieille ennemie, la Prusse et non la Bavière, qui s'oriente le plus nettement par ses forces ouvrières, vers une politique de gauche, c'est-à-dire - autant qu'on ose le dire - de paix.



L'Excelsior 7 juin 1921
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M. Hugo Steines, maître de l'heure en Allemagne
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Berlin juin 1921
C'était un soir, hôtel Adlon... l'homme était petit. Sa barbe noire autour de son visage faisait pauvre. Par l'usage, sa cravate était desséchée et, sur le plancher rayonnant, il traînait des bas de pantalon et des semelles sans gloire.. ce n'était pas un Allemand, mais un de ces Levantins... que nous avions là sous nos yeux. "Quel est cet épicier?" Hugo Stinnes ! nous glissa le maître d'hôtel. Monarque de l'heure, s'il lève son petit doigt, l'Allemagne fait halte et écoute. Il a, lui, aujourd'hui, des sociétés comme autrefois les rois de Prusse possédaient des régiments. Il a cent dix journaux et il ne lit jamais. Il allume des hauts-fourneaux comme les musulmans adorent : fanatiquement. Il extorque bon an mal an à son Allemagne douze milliards de marks d'indigne bénéfice. Pour que sa mère ait l'avantage de posséder un fils plus riche, il pille sa mère.
Fatalement Stinnes, magnat d'Allemagne, tâchera d'avoir raison de Wirth, chancelier... Stinnes sourit et caresse ses poches. En fin de compte, Wirth donnera à la France ce que Stinnes donnera à Wirth.



L'Excelsior 11 juin 1921
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Attendons à l'oeuvre le gouvernement de M. Wirth

Berlin juin
Des orateurs sautent sur l'occasion des moindres réunions pour lancer l'anathème contre la France. Les Allemands qui entendent faire respecter la signature de l'Allemagne sont appelés par d'autres Allemands "traîtres à l'Allemagne".
La France doit se rendre compte du courage civique que déploie en ce moment la gauche allemande.






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