Le pays de la Dombes

Lorsque l'auteur de cette relation historique est né en août 1939, il clôturait une fratrie de huit enfants formée à Lyon à partir de 1920 par Eugène Bouvant et Olinde Serre. En dehors de cet évènement (!) ce fut une période doublement mémorable. D'abord parce que nous étions à deux semaines du déclenchement de la plus grande catastrophe guerrière de l'humanité.

Ensuite parce que la famille Bouvant, les parents et leurs huit enfants, très à l'étroit dans un minuscule logement au-dessus des ateliers du garage de la rue Malesherbes dans le quartier des Brotteaux à Lyon, a fait l'acquisition en viager d'une maison "à la campagne" mais à quelques kilomètres seulement du centre ville. L'allure de cette maison entourée d'un vaste terrain très pentu, était celle d'un château par la grâce de deux tours carrées qui l'encadraient.
            
Lyon était à l'époque le chef-lieu très excentré du département du Rhône. Il suffisait de faire quelques kilomètres pour se retrouver soit en Isère, soit dans la Loire, soit dans l'Ain. Ce fut le cas pour la famille Bouvant dans sa propriété de Crépieux-la-Pape. On peut dire quelques mots de cette commune qui a eu une existence très éphémère. Elle a été créée en 1927 (eh oui, nos 36 000 communes n'étaient pas suffisantes, on en créait encore au XXème siècle!) parce que Caluire et Rilleux se disputaient son territoire. Elle disparut en 1972 par rattachement à cette dernière qui, depuis, est devenue pratiquement un quartier du "Grand Lyon". La métropole, puisque tel est son nom, a en effet absorbé le 1er janvier 2015 pas moins de 58 communes. Mais ceci est une autre histoire.

En attendant nous nous trouvions dépendant administrativement d'un département très rural et de sa préfecture Bourg-en-Bresse, située à 60 kilomètres de là alors que nous allions à l'école dans le 6ème arrondissement des Brotteaux de Lyon.

Ce lieu a-t-il été retenu par pur hasard ou par volonté inconsciente d'Eugène de se rapprocher des origines familiales de son père. Celui-ci, connu comme "Jules, le grand-père Bouvant", avait quitté l'Ain en 1884 pour s'établir en Provence. C'est l'objet d'un autre roman, les Bouvant dans le Var. Ainsi lorsqu'Olinde et Eugène nés tous deux en région toulonnaise vinrent jeunes mariés en 1920 s'établir à Lyon, le déchirement souvent évoqué par la première n'a certainement pas été ressenti par le second. Le territoire qu'il quittait n'avait été "colonisé" par son père que depuis une trentaine d'années. Il a d'ailleurs retrouvé le frère et la soeur de celui-ci venus aussi de l'Ain travailler en ville, dans le centre de Lyon. Le village que tous trois avaient déserté n'est qu'à quelques kilomètres de Crépieux. Il s'agit de Saint-André de Corcy, lui-même voisin de la commune où ils étaient nés, Trévoux, au coeur de la Dombes.

La Bresse et la Dombes

La Bresse est le grand territoire partagé entre la Saône-et-Loire, le Jura et surtout l'Ain marqué par le nom de son chef-lieu Bourg-en-Bresse. Tout jeune, je regardais avec une certaine commisération nos voisins de Crépieux car on m'avait expliqué qu'ils avaient le ventre jaune. Parmi d'autres explications tout aussi plausibles justifiant cette qualification, je ne veux retenir que celle qui attribue la coloration de leur abdomen au fait que les Bressans se nourrissaient essentiellement de gaudes, produit assez insipide à base de maïs, qui à mon avis réussit mieux à leurs fameux poulets.

Ne possédant ni photo, ni écrit ou tout autre document décrivant les ancêtres qui seront cités dans la suite de ce récit je vous cite une courte description pour valoir ce que de droit. Les habitants du département de l’Ain sont au XIXe siècle, grands, robustes, bien proportionnés dans leur structure, d’une physionomie agréable, dont souvent la pâleur mate est un des indices des fièvres locales qui ravagent certains cantons; ils sont économes, laborieux, d’un jugement sain, d’une raison froide; ils ont du goût et des dispositions naturelles pour la musique; quoique les bienfaits de l’instruction soient mieux appréciés chez eux que dans beaucoup d’autres contrées, ils sont encore fidèles à quelques vieilles traditions superstitieuses...
Les limites entre la Bresse et le pays de Dombes sont assez floues.
Cependant le territoire des ancêtres Bouvant est sans équivoque celui de la Dombes aux mille étangs.

DDD
Un étang de la Dombestarattaratataatarata> Un quartier de Lyon un jour de brouillard

Dans la famille, trompés par la dernière lettre du mot, nous parlions des Dombes, en attribuant (à tort à mon avis) à leurs étendues d'eaux la formation des brouillards lyonnais. On ajouta plus tard que la diminution de ces derniers était due à un assèchement qui n'est pas avéré. Heureusement car ces magnifiques étangs constituent la plus importante réserve de poissons d'eau douce de France. Quoi qu'il en soit j'ai écarté provisoirement l'éventualité d'avoir des ancêtres au ventre jaune. N'allez pas prétendre pour autant que c'étaient des mangeurs de grenouilles. Les étangs regorgeaient de ces gentils batraciens, avant qu'on en importe de Hongrie, mais je n'ai jamais pu en pêcher par la méthode du bâton muni d'un chiffon rouge que l'on m'avait enseignée.

Nous reviendrons dans ce territoire lorsque se terminera la saga des ancêtres dont le nombre avoisine 180. Impossible de tous les faire figurer sur un seul schéma. Le tableau synoptique de la page suivante présente tous les membres des dernières générations, deux pour la 3ème, quatre pour la 4ème, huit pour la 5ème et seize pour la sixième. Il a aussi l’intérêt de présenter les récits qui vont suivre en situant les acteurs à la place qu’occupent leurs protagonistes dans l’arbre généalogique complet.

La carte ci-dessous montre les communes avec le nombre d’ancêtres qui y sont nés Elle met en évidence les deux pôles principaux d’habitat de toutes ces familles. D’une part la Bresse Bressane essentiellement dans l’Ain débordant légèrement en Saône et Loire. D’autre part le Beaujolais et le Mâconnais, à cheval sur les départements du Rhône et de la Saône-et-Loire.
Cette carte montre que l’intégralité des ancêtres qui ont porté le patronyme Bouvant et toutes les branches qui se sont raccordées à celui-ci, sont nés dans 34 communes, ils ont vécu dans ce territoire situé dans les actuels départements de l’Ain, Rhône, Saône et Loire, Isère et Jura.


Environ 180 ancêtres ont pu être identifiés d’après les registres des communes. Mais plus de 160 se concentrent dans deux pays bien circonscrits : Bresse bressane et Beaujolais-Mâconnais.

Si la ville de Lyon figure sur cette carte, elle n’est pour rien dans le déroulement de cette généalogie. La mention d’une commune maintenant quartier de Lyon n’est qu’un “accident” de parcours d’un batelier qui s’arrêta au port de l’Isle Barbe sur la Saône. Et si les huit Bouvant à la base de ce livre sont bien tous nés à Lyon, ils sont issus de parents nés dans le Var, ils n’ont rien su de ce passé régional car l’ensemble de la parenté qu’ils ont pu connaître, est provençale. Le présent récit leur permettra de découvrir ces lieux proches qui avaient été délaissés deux générations plus tôt.

Soyons plus explicite : le grand père Jules, dernier de cette grande famille que l’on va maintenant décrire, est parti de la Dombes pour des raisons tant familiales que professionnelles. Ses deux frères et sa soeur ont émigré à Lyon pour les mêmes raisons, mais ils sont restés célibataires. Son fils Eugène a fait le chemin presqu’inverse en rejoignant ceux- ci, toujours pour les mêmes raisons, dans une ville qui lui permettait d’exercer une activité industrielle absente dans le Var.

Pour la postérité il y aura donc deux lignées Bouvant : celle des descendants de Jules à partir du Var, et celle de son fils Eugène à partir de Lyon.

Les recherches sont faites à partir des registres d’état civil des communes, puis en remontant le temps, dans les actes paroissiaux, tous archivés au niveau départemental et numérisés, ce qui permet de “naviguer” instantanément. Plusieurs facteurs mettent fin à la recherche :
- l’absence de registres à certaines époques.
- pas d’information sur la commune d’origine.
D’autres la gênent considérablement :
- la numérisation de mauvaise qualité car elle reprend la saisie des Mormons après 1945.
- surtout, actes mal écrits et abîmés, véritables brouillons illisibles.
Ces inconvénients sont malheureusement beaucoup plus présents dans l’Ain et le Rhône que dans d’autres départements. Seule l’indexation manuelle des noms et évènements, si elle est correctement réalisée, permettra ultérieurement une recherche efficace.

Ajoutons un autre point singulier concernant les Bouvant : la branche éponyme souffre d’un manque patent d’informations. Est-ce lié à un trait héréditaire des héritiers du nom dont on a constaté l’originalité, cas de Jules et son père, générations les plus proches ? Toujours est-il que la recherche au-delà de Trévoux (5ème génération) relève de la mission impossible. Sans être courant, le patronyme Bouvant (avec ou sans t) n’est pas rare dans l’Ain et d’autres régions (notamment Jura et Doubs). En faisant de nombreuses recherches dans les communes proches de la Dombes et de la Bresse, le nom est apparu de façon isolé mais aussi pour des familles entières, notamment dans les communes de Joyeux, Le Montellier, Versailleux, Faramans, Bourg St Christophe… Une lignée a vécu à St André de Corcy au 19ème siècle, mais aucune des personnes rencontrées n’était apparemment liée à “nos” ancêtres.

Pour le patronyme Bouvant, l’ancêtre le plus ancien (Claude) représente la 8ème génération, alors que l’on peut aller jusqu’à la 11ème pour certaines familles alliées. Nous nous en contenterons pour l’heure.
Premières générations énigmatiques

Bien entendu, comme pour l’ensemble des branches familiales qui vont se succéder dans le livre, les ancêtres les plus anciens ont été mis à jour en dernier, en remontant les filiations.

Chez les Bouvant, l’incertitude a été de règle pour les trois générations ascendantes d’Annet de Trévoux qui était bien connu par ses nombreux enfants; seul le hasard permit la découverte de leurs représentants.

Ceux-ci étaient en effet particulièrement migrateurs. les antécédents d’un acte de naissance ou de mariage doivent alors être recherchés dans une autre commune inconnue.

Trois actes nous renseignent sur le “patriarche” Claude. Une naissance d’abord, celle de son fils Jean-Marie à Saint-Loup en 1720,. Le père est noté “Claude Bouvan de Sain-Sorlin en Bugey”.

La mère Anthoinette Thioleyron, est originaire de la commune. Elle y est née en 1686, y résidait avec ses quatre frères Joseph, Gabriel, Claude et Sébastien, et une soeur Laurence; elle y décédera en 1740. De leurs parents on ne connaît que le nom, Pierre Thioleyran né en 1618 et Estiennette de Saint-Jean.

L’acte de décès d’Antoinette indique que Claude était décédé à ce moment-là. Celui du mariage de son fils en 1752 à l’Isle Barbe, nous apprend qu’il avait été matelassier. Saint-Loup (en Lionnais, comme cela est parfois précisé) est une très petite commune située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lyon.

Plus précisément, elle fait la jonction entre Pontcharrat et Tarare, petites villes connues pour leurs activités dans le textile. Ce qui a certainement un lien avec la profession de Claude. entre Pontcharrat et Tarare, petites villes connues pour leurs activités dans le textile. Ce qui a certainement un lien avec la profession de Claude.

L'arbre ascendant de Guillaume de Trévoux

Jean-Marie Bouvan
Jean-Marie Bouvan, représentant de la 7ème génération, est né et a passé son enfance à Saint-Loup. Son mariage le 15 février 1752, avec Jeanne Vernay, a été découvert à Saint-Rambert l’Isle Barbe. Le père de la mariée Claude Vernay était noté comme batelier, sa mère s’appelait Marie Charasson. Rien de plus à exploiter de cet acte, car il mentionne que les publications préalables ont été faites à Saint-Rambert et à Sainte-Euminie qui dépend de la paroisse de St-Symphorien de Trévoux dont le chanoine a fait parvenir une attestation. Chose étonnante car aucune mention du nom de Bouvant n’existe dans les registres de cette paroisse.

Par ailleurs celle de St-Rambert comporte une seule mention du nom de Vernay, pour le décès accidentel de Claude Vernay, valet au port, le 18 juillet 1744, étant précisé qu’il “n’a pu recevoir l’eucharistie à cause d’une frénésie presque continuelle”

Aucun des deux époux n’est donc originaire des communes interpellées pour les publications. La profession de batelier était pratiquée au port de l’Isle Barbe sur la Saône. Cette île avait un célèbre couvent, elle est par ailleurs un lieu privilégié de loisir et d’aviron pour les Lyonnais. La commune de Saint-Rambert l’Isle Barbe longtemps campagne, est devenue un quartier de Lyon en formant en 1963, avec une partie de Vaise, son 9ème arrondissement.

Nous retrouvons Jean-Marie et Jeanne de suite après leur mariage. A Trévoux un acte de naissance en date du 16 février 1752, très exactement 9 mois et un jour après le mariage, annonce la naissance de Guillaume Bouvant, fils de Jean-Marie Bouvan tissier et de Jeane Vernay.

Jean-Marie Bouvan, qui n’avait aucune attache à l’Isle barbe où le père de son épouse était enterré depuis huit années, a emmené celle-ci à Trévoux, deuxième commune, après Neuville, rencontrée en remontant la Saône sur une quinzaine de kilomètres. Donc ville très proche où il annonce exercer la profession de tissier. Appelée aussi texier, cette activité est proche de celles de tisserand de lange (drapier de laine) et de tisserand de linge (tisserand d’étoffe de lin et de chanvre).
Le couple aura un autre enfant, Geneviève, en 1755 mais elle ne vivra que 17 mois, ainsi qu’une autre fille, Jeane Marie, en 1956, qui ne survivra que 3 jours.

Pour la naissance de Geneviève, en 1755, Jean-Marie est vigneron. Sa profession est à nouveau indiquée avoir été tissier en novembre 1772 dans l’acte de remariage de Jeanne Vernay avec Louis Bout, veuf, affaneur (encore appelé crocheteur, c’est celui qui porte des fardeaux avec ou sur des crochets). Un contrat a été établi à l’occasion du mariage, il ne nous apporte rien, il note simplement que les époux avaient quelques biens meubles, sans préciser desquels il s’agissait.

Jean-Marie était donc décédé à cette date. Il est probable que sa mort ait eu lieu un peu avant, le 28 septembre 1772, un acte du registre de l’Hôtel Dieu mentionne le décès d’un Joseph Bouvant, âgé de cinquante ans. Il s’agit vraisemblablement de Jean-Marie, car il n’existe aucune mention d’un autre Bouvan dans les registres de Trévoux depuis le décès de Geneviève en 1756. Et le prêtre de service à l’hospice qui rédige le bulletin ne disposait certainement pas de renseignement précis sur l’identité des pensionnaires recueillis, souvent indigents et solitaires. Jean-Marie ne devait plus être en relation avec les siens, son fils Guillaume deviendrait père d’Annet deux semaines plus tard, son épouse Jeanne se mariera le mois suivant.

Trévoux hors du royaume bénéficie de privilèges
Si l'on se rend aujourd'hui à Trévoux on se rend compte que cette petite cité mérite mieux que l'ignorance dans laquelle nous la laissions. Entre Villefranche-sur-Saône et Lyon, sur la rive gauche de la Saône, elle domine celle-ci par un magnifique panorama. Le centre est bien entendu sur un éperon car les crues de la Saône sont étendues et durables dans la plaine. La terrasse d'où vous pouvez contempler le paysage est une place groupant la collégiale Saint Symphorien, l'hôtel de ville et l'ancien parlement de la Dombes. L'église date de la fin du 19ème siècle alors qu'aucun Bouvant ne résidait plus à Trévoux, elle ne nous intéresse donc pas du tout. Le siège du parlement prouve le rôle important qu'a joué cette petite cité, auquel s'est ajoutée une activité complètement méconnue autour du travail de l'or. Explications.

Peut-être à l'origine du nom (cf Dreyfus, Trèves...) les Juifs ont été plus tard plus sûrement à celle de la situation économique florissante de Trévoux. Bannis de Lyon en 1420, les juifs s'établirent à Trévoux et y formèrent de puissantes confréries, s'occupant principalement de l'étirage de l'or et de l'argent, Trévoux n'était en effet pas assujettie à l'impôt sur l'argue. Au 15ème siècle Trévoux devient, avec les Ducs de Bourbon, la capitale de la Principauté de Dombes avec une indépendance politique et le privilège de battre monnaie, rendre justice, faire tirage d'or et d'argent, avec imprimerie et orfèvrerie jusqu'à son rattachement au royaume de France en 1762.

Trévoux est aussi bien connu dans l'histoire de la langue française par la réalisation au 18ème siècle du dictionnaire de Trévoux. Les Jésuites en sont à l'origine, leur objectif étant de s'opposer au premier dictionnaire de Furetière approprié par les huguenots et plus tard à l'Encyclopédie de Diderot. C'est un peu l'ouvrage de base de la tradition incarnée par les jésuites face aux idées du siècle des Lumières.


Trévoux capitale du tirage de l'or
puis capitale mondiale de la filière en diamant


Lyon ne faisait presque point de lingots et de trait d'argent, tout venait de Trévoux. Cette industrie faisait vivre à Trévoux plus de 500 personnes qui produisaient 6 000 lingots d'or et 160 000 marcs de trait d'argent.

Les outils pour le tréfilage devinrent une spécialité de Trévoux reconnue mondialement; de plus, en 1865 un ouvrier réussit à percer le matériau le plus dur, le diamant, donnant à la ville une supériorité technique qui fera d'elle la capitale mondiale de la filière en diamant.

Tout ceci explique pourquoi de jeunes agriculteurs des pays environnants, de la Dombes, mais aussi de Bresse, Bourgogne et Jura furent attirés à Trévoux par cette profession de tireur d'or dont se sont prévalus pendant malheureusement un temps trop court nos deux plus anciens ancêtres Bouvant, Guillaume et son fils Annet.

L'activité pouvait mener à des professions plus nobles et surtout plus lucratives que le simple tirage d'or. Mais nos deux ancêtres n'y sont pas parvenus, il semble même qu'ils n'aient pas pu mener celle-ci de façon durable. Quand on voit comment procédaient les tireurs d'or, ce que montre très bien la reconstitution de l'argue, on comprend que c'était à la fois un métier ingrat et très éprouvant.



Guillaume l’incontrôlable ancêtre de 6ème génération
On a découvert Guillaume en décembre 1752 lorsque ses parents fraîchement mariés lui ont donné naissance à Trévoux. Nous le retrouvons dans cette ville à l’occasion de la naissance en 1772 de notre ancêtre de 5ème génération, Annet.

Faisons une parenthèse : le patronyme Bouvant n’encombrait pas les registres paroissiaux de Trévoux conservés depuis 1545. La première apparition a lieu en 1747 avec la naissance d’Agathe, fille illégitime de Benoîte Bouvant venant de Bourg-en-Bresse, sans lien avec la famille de Jean-Marie (la nôtre) qui vint s’établir en 1752 en la capitale de la tréfilerie.

Pendant les décennies suivantes, seule cette famille alimenta les registres du nom de Bouvan avec ou sans t suivant l’humeur du curé. Pendant la jeunesse de Guillaume, sa présence dans la cité est avérée par trois témoignages. En 1767, Jean-Marie est témoin d’un décès. En 1769, c’est Jeanne qui est marraine. En 1770, Guillaume, à son tour, est cité pour une naissance en devenant parrain.

Le nom de Guillaume réapparaît à la date du 15 octobre entre le décès de son père à l’hospice et le remariage de sa mère comme nous l’avons signalé. Il s’agit de la naissance de “Annet, fils légitime de Guillaume Bouvan tireur d’or à Trévoux et de Marguerite Granjean” C’est la propre marraine de Guillaume, Anne Picard (à la belle et claire signature) qui est sollicitée comme marraine de son fils; était-ce la bonne fée des Bouvan ? La mère se nomme Marguerite Granjean mais il n’est pas indiqué qu’elle soit son épouse. On ne trouve ainsi pas de mention de leur mariage, ni à Trévoux, ni dans toute autre commune de l’Ain ou du Rhône - on apprendra en effet lors de son décès à l’Hôtel Dieu que Marguerite était originaire de Fleurie en Beaujolais. Guillaume est certainement, sur le plan social, non conformiste.

Un autre enfant, Anne, va naître le 14 août 1774, Guillaume est alors portefaix mais il est porté absent. Il est exceptionnel que le père, sauf grave raison précisée, ne fasse pas la déclaration de naissance d'un enfant; quant à la mère, en couches, elle n'est jamais présente. Habituellement le curé se couvre en écrivant qu’il ne fait que transcrire ce qu’on lui a indiqué. Le seul point sur lequel le responsable de l'acte s'engageait est qu'il avait vérifié le sexe de l'enfant qu'on lui a présenté.

Un acte de décès du 21 août pose une énigme sur l’état de la famille de Guillaume. Il avait été rédigé pour la petite Anne, 7 jours. Puis raturé, Anne remplacée par Geneviève et le nom du père remplacé par celui de Marguerite. Guillaume qui est présent mais ne sait signer, est-il intervenu pour rétablir la véritable identité de la morte qui n’était pas sa fille. Peut-être un enfant antérieur (de Marguerite seule?) ne le concernant pas. On a oublié de biffer les autres éléments erronés, (profession, âge) ce qui rend l’acte incompréhensible. Voilà un curé pour le moins négligent.

2 actes

Plus compréhensible, un acte de décès de Anne, âgée d’un an, est publié le 19 août 1755, ce qui confirme la fausseté de son décès annoncé un an plus tôt. Guillaume est alors signalé laboureur.
Toutefois, reste beaucoup de mystère concernant notre ancêtre trévoltien. Tireur d’or, portefaix, laboureur, il a vécu, plus que son père, de petits boulots, et ce qu’il a surtout tiré, c’est le diable par la queue. Nous n’en aurons plus de nouvelles dans les registres.

Ainsi le tireur d'or n'aura pas beaucoup produit de fil. Il l'avait certainement plus rêvé, qu'exercé, ce métier. Accéder au titre était en effet un signe de réussite sociale, un peu à la manière des métiers des guildes. C'est triste à écrire pour nos deux ancêtres, mais ma conviction est que Guillaume pas plus que son fils Annet n'ont eu les moyens de se faire admettre dans ce corps social qui devait avoir ses règles et sa hiérarchie.

      
Marguerite Grandjean compagne de Guillaume
Le sort nous a été plus favorable pour Marguerite Granjean. Il y a eu les traces laissées à l'occasion des naissance, mariage et décès de leur fils Annet sur le nom de ses père et mère.

Avec un renseignement supplémentaire : elle était au moment du mariage de son fils, en 1801, remariée avec Joseph Bourdon. Si elle était mariée avec Guillaume, celui-ci était donc mort à cette date, le divorce étant improbable. C'est ce nouvel époux qui avait signé à sa place l'autorisation de consentement demandé lorsque les parents sont présents lors de la cérémonie.
Marguerite est restée illiterée toute sa vie, pour employer le terme de l’époque.

Mais c’est son acte de décès, émanant de l'hospice de Trévoux, qui va nous ouvrir la porte de la famille de Marguerite. Cet hôpital a depuis des siècles accueilli des malades, bien sûr, mais aussi de nombreux miséreux venus de toute la région. Il existe d'ailleurs à Trévoux des registres spécifiques de décès pour l'hôpital, indépendants de ceux de la mairie réservés aux Trévoltiens.

Cet acte qui date de 1815, quoique d'une grande brièveté de rédaction, contient des informations capitales. C'est un avis rédigé par deux administrateurs de l'hôpital civil de Trévoux, ce qui est la règle lorsque la personne hébergée n'a pas de famille. Son second époux, qui n'est même pas cité dans cet acte, devait toutefois se tenir prêt à donner sa suite personnelle au décès. Joseph se remarie l’année suivante. Il a 72 ans, sa nouvelle épouse en a 40, peut-être est-ce un pur hasard mais la mère de celle-ci s'appelle aussi granjean. Quoiqu'il en soit, cette triste fin montre que la galère a accompagné notre arrière (quatre fois) grand-mère jusqu’à sa mort et même au-delà.

A défaut d'information sur ses époux, ce que Marguerite a communiqué à l'administration de l'hospice avant de mourir, outre son âge (69 ans), est son lieu de naissance Fleury, ainsi que le nom de ses parents, plus présents à ce moment là dans son esprit que ses époux défaillants!

Munis de ces précieux renseignements, il ne nous reste plus qu’à aller à Fleurie, dans ce pays qui fleure bon la vigne.
Elle y est née le 7 juillet 1746. L’acte de naissance est un témoignage de ce que les registres paroissiaux de nos bons curés de village peuvent laisser à déchiffrer à tous les paléographes. La page est brouillée par la transparence du papier qui superpose le contenu de la page précédente. Cerise sur le gâteau, ce curé brouillon a écrit "sept" pour le millésime, alors qu'on est en juillet 1746 ! L'agrandissement et l'aide des outils informatiques de traitement d'image nous livrent le contenu exact.


Marguerite fille légitime de Jean Grandjean et d’Anne Augay vigneron de cette paroisse de Saint Martin de Fleurie née aujourd’hui septième juillet mille sept cents quarante sept a été baptisée le même jour dans cette église paroissiale par moi curé soussigné dicelle son parrain a été Claude Leron vigneron de Chénas la marraine Marguerite Levron femme de Jacques Augay vigneron de Fleurie non signé pour ne savoir de ce enquis.

Ecrit comme cela, ce sera plus clair pour les rares personnes qui ne lisent pas très bien dans le texte le Pont Neuf Curé (c’est comme cela qu’il signe). Fille de vignerons, son parrain vigneron, sa marraine femme de vigneron, pour son baptême, notre quadri-aïeule pouvait trinquer en faisant rimer biberon et vigneron.

ascendance Marguerite Granjean les éléments biographiques sont visibles pour les ancêtres marqués d'un lien bleu



Nous apprenons donc que nos ancêtres, sept générations plus haut, étaient vignerons. Je me souviens de dégustations faites dans une cave à Fleurie qui est à mon goût le plus fruité des Beaujolais, sans vouloir faire le rapprochement trop facile avec le nom. Malheureusement je n'ai pas pensé à l'époque à demander à nos hôtes quels rapports ils avaient avec les Granjean. En tout cas voilà une ouverture vers un autre territoire et d'autres catégories sociales pour nos ancêtres de 8ème génération, parents de Marguerite aux noms très simples de Jean Granjean et Anne Auger.

Fleurie est dans le Haut Beaujolais. En remontant les ancêtres paternels de Marguerite, nous serons conviés, dans la section 2a, à une tournée des grands crus mâconnais et beaujolais. Son père était d’une lignée de Granjean de Saint-Amour Bellevue. Les ancêtres Chatenay de la mère de celui-ci provenaient tous de Pruzilly. Pour les oenologues négligents, rappelons que ces deux communes font partie du même territoire vinicole que Saint-Véran, Pouilly et Fuissé. Ce sera un chapitre enivrant, ne trouvez-vous pas ?

Du côté des ancêtres de la mère de Marguerite, nous monterons un peu plus au nord-ouest, toujours à la limite de la Saône et Loire, mais dans des paysages plus sévères et boisés. Les proches générations étaient encore dans le territoire du Beaujolais, à Vauxrenard. Les plus anciennes en étaient détachées proches du Brionnais à Saint-Christophe la Montagne.

Un petit maillon nous manque pour expliquer l’émigration de Marguerite à Trévoux, elle sera en 1772 la mère d’Annet, à 26 ans, avec Guillaume qui en aura 20.
Naissance d'Annet Bouvan

Vous allez maintenant découvrir l'existence de l'homme qui a fait tout ce qu'il pouvait, mais en vain, pour doter la petite cité de Trévoux d'une ribambelle de Bouvant.

Annet Bouvan naît au 18ème siècle, le 15 octobre 1772, il avait donc 17 ans lorsqu'éclata la révolution, mais on imagine mal quel pouvait être l'état d'esprit d'un adolescent dont le père avait disparu, la mère faisant de petits travaux de journalière pour subsister, loin de la relative aisance dont pouvaient disposer leurs concitoyens de Trévoux travaillant dans la filière de l'or au sens propre comme au figuré.


Mariage d'Annet Bouvan et de Claudine Manin
La deuxième trace qu'il nous laisse est celle de son mariage, le 9 décembre 1801, il a donc 29 ans, ce n'est pas de grande jeunesse, on pourrait dire heureusement, quand on apprendra le nombre d'enfants qu'il va engendrer! Son épouse Claudine Manin en a 23, elle est née à Trévoux mais elle vient d'une famille beaujolaise, comme sa belle-mère Marguerite Granjean.

Celle-ci est présente avec son deuxième époux ainsi que les parents de Claudine. Les autres participants à cette cérémonie devenue républicaine sont les quatre témoins qui forment une tranche de vie populaire.

Il y avait Claude Forlin, propriétaire de 45 ans. Puis Sébastien Reverd, 34 ans, tissier en toile. Ensuite Guillaume Bruyere artiste vétérinaire. Enfin Etienne Geoffrey, 49 ans, boisselier. Cela mérite quelques explications. Il n'était pas nécessaire d'être Rothschild pour être qualifié de propriétaire. Dans le sud on employait à tout bout de champ ce terme pour quelqu'un qui avait justement un petit lopin de terre et vivait d'expédients.

Le tissier (on dit aussi texier en d'autres lieux) fabrique le tissu de laine, soie ou toile comme ici, c'est un vrai métier. De même que l'artiste vétérinaire qui n'a rien d'un fantaisiste, c'est quelqu'un qui a suivi les cours d'une école vétérinaire pour soigner les chevaux, par opposition au maréchal soignant, maréchal forgeron exerçant occasionnellement des activités de vétérinaire. Enfin le boisselier est un fabricant de petits objets en bois tels que seaux, boisseaux, baquets, planches à laver ou brouettes.

On est en 1800 à Trévoux rue lapierre où emménagent Annet et Claudine, mais on croit entendre les cris de Paris mis en musique par Clément Janequin au 16ème siècle.

La vie prolifique d'Annet Bouvan
Le premier né de la tribu des Bouvant (noter que l'adjonction du t final se fait à ce moment-là) de Trévoux est celui qui nous intéresse le plus car ce sera notre arrière-arrière-grand-père. Il s'appelle Jean et naît onze mois plus tard, le 12 décembre 1802. C'est la dernière génération Bouvant à être dotée de prénoms simples et uniques, ce qui était la règle générale dans l'Ain et le Beaujolais pour ce qui nous concerne.
Ensuite les naissances vont se succéder, les décès aussi. Inventaire :
Noë naît en décembre 1804, il décèdera en août 1806 à 21 mois.
Pierre apparaît en février 1806 mais ne vivra que deux mois.
Magdeleine naît pendant la même année 1806, en décembre, soit 10 mois seulement après la naissance du précédent! Difficile de faire plus rapproché, à se demander si entre les autres enfants que séparent des écarts plus importants, il n'y a pas eu des accidents qui n'entrent pas dans notre comptabilité des grossesses de Claudine. Magdeleine arrivera à l'âge adulte, à peine toutefois car elle meurt en 1827 à 21 ans.
En nov. 1808 naît Marie qui décède trois mois plus tard en février 1809.
Pas d'acte de décès (enfin!) pour la suivante Antoinette qui vient au monde 12 mois après Marie en novembre 1809. Quoique ... nous ne savons pas en fait ce qu'elle est devenue, elle s'est mariée (peut-être) et décédée (sûrement) mais alors en dehors de Trévoux.
Le suivant est un garçon Jean-Guillaume, qui naît en décembre 1811 et meurt dix mois plus tard en octobre 1812.
La série noire est suspendue avec les deux enfants suivants, deux garçons.
François, né le 30 décembre 1813 est celui qui, avec notre aïeul Jean, perpétuera le patronyme des Bouvant d'origine trévoltienne.
Le suivant est Jean-Baptiste en 1816, que l'on retrouvera aussi adulte et marié plus tard mais sans descendance (à moins que ce soit l'autre Jean-Baptiste né en 1820).
Et puis encore un enfant qui n'a pas vécu longtemps, Claude Michel naît en mai 1819 et meurt 6 mois plus tard en décembre 1819.
La longue série des naissances chez Claudine et Annet n'est pas close (nous en sommes déjà à 10) deux enfants vont encore naître. Mais là les parents sont en panne d'imagination pour les prénoms car ils vont en donner deux déjà utilisés. On le comprendrait si les titulaires étaient décédés, car ceci était une pratique assez courante. Mais non, les aînés homonymes font partie des rares survivants. On aura donc Jean-Baptiste numéro 2 qui naît en septembre 1820. Curieusement son père qui est présent ne signe pas, le greffier indiquant qu'il est illiteré. Or nous avons vu depuis son mariage sa belle signature en bâtons figurer sur TOUS les actes civils de la famille. Avec sa façon caractéristique d'écrire le N à la manière du caractère cyrillique équivalent à notre I.

Nous retrouverons J-B2 veloutier dans un recensement de Trévoux. C'est lui qui sera vraisemblablement avec sa mère à Toulon après 1841 car l'âge correspond. Il correspond (27 ans) aussi à celui qui se marie en 1848, mais la date de naissance indiquée (13 mai 1816) est celle de l'autre J-B qui lui avait 32 ans. Confusion provoquée ou involontaire, le mystère des deux J-B restera entier.
Puis Antoinette numéro 2 en novembre 1823 qui restera aussi indétectable que son aînée homonyme par la suite.
Voilà, nous sommes en 1823, Claudine a 45 ans, elle n'aura plus d'enfants, mais certainement pas l'occasion de se reposer avec une si imposante progéniture et les aléas professionnels et politiques de son époux Annet.

Celui-ci meurt en 1841, il a 69 ans mais doit être épuisé par une vie de labeur et certainement d'aventures diverses comme on va bientôt le voir. Le bilan quantitatif de sa descendance sera limité, six enfants décédés en bas âge, d'autres sans descendance. Reste la qualité (je suis là pour en témoigner) avec trois garçons dont deux auront une descendance pérenne. Mais si ces deux fils en question, Jean et François, meurent dans la ville de Trévoux, tous leurs enfants auront déserté cette ville lorsque ce dernier décède en 1894. La lignée des Bouvant de Trévoux est donc tout entière incluse dans le 19ème siècle.

Notre ancêtre Claudine Manin a épousé Annet Bouvant
Nous savons déjà que la vie d'épouse et de mère de claudine n'a pas été un chemin couvert de roses. essayons de lever le voile sur ses origines et sa fin de vie.
On a déjà vu qu'elle est née à Trévoux comme Annet, le 7 juillet 1778, 6 ans après lui et onze années avant la Révolution. Son père Jean né en 1738 a épousé dans cette ville Antoinette Odet, ils y décèderont, lui en septembre 1806, elle en 1824. Il venait de la petite commune de Corcelles-en-Beaujolais dans le Rhône, tout près de Fleurie berceau des ancêtres de Marguerite Granjean. Mais il semble que ce village, qui ne porte pas un nom aussi prestigieux que ses plus proches voisins Villié-Morgon, Chiroubles, Fleurie... était moins porté sur le vin que ceux-ci et que nos ancêtres de cette commune aient été simplement grangers.
C'était ainsi la profession du père de Jean, André Magnin marié en juillet 1736 à Catherine Desrue,  et de leurs parents respectifs résidant tous dans la même commune : Jean Magnin et Françoise Laborier pour lui, Jean Desrue et Catherine Suchet pour elle.

Nous avons eu encore plus de chance avec les ascendants maternels de Claudine. Grâce aux révélations faites par sa mère Antoinette Odet dans les mêmes circonstances que Marguerite Granjean, à l'hospice de Trévoux en 1824 où elle est décédée. Elle était née Claudine Audet à Saint-Igny-sur-vers, dans le haut Beaujolais à la frontière de la Saône et Loire (qu'elle a désigné par erreur). C'est dans ce village que l'on trouve ses parents Jean-Marie Audet, sabotier, et Pierrette Deborde. Ainsi que les parents du père, Jean Oddet, manouvrier, et Jeanne Lameure. Et aussi les arrières grands parents François Audet, Benoite Desfalier, Louis Lamure, Pierrette Lamure (même nom). Et on ne s'arrêtera pas là du côté paternel avec les arrières arrières grands parents Claude Audet, Pierrette Faiard, Pierre Desfalier et Jane Audet (du cousinage?). Ces quatre là étaient contemporains de Louis XIII.

Les grands parents maternels d'Antoinette, Claude Deborde, laboureur, et Jeanne Crozier étaient du village voisin d'Aigueperse où sa mère était née et d'où l'ascendance doit continuer. Il ne faut pas trop se formaliser sur l'orthographe des noms, ceux-ci étaient dits mais peu lus, Audet devient Auddet, Oddet, Odet; de la mure devient la mure, lameure, lameude, etc.

L'année même de la mort d'Annet, en 1841, Claudine n'habite plus à Trévoux lors du recensement de la ville. Il semble qu'elle ait émigré à Toulon avec l'un de ses deux fils prénommés Jean-Baptiste qui l'accompagnait déjà à Trévoux, qui exerce l'activité de chauffeur. Un autre petit métier d'autrefois : les locomotives ne roulant pas encore, il peut s'agir de chauffeur de rivets qui est sur un chantier naval l'ouvrier qui prépare les rivets en les chauffant avec une forge pour faciliter leur écrasement par le riveur.

Elle a survécu 4 années à Annet, elle meurt à Toulon en janvier 1845. Enfin un ancêtre qui ne décède pas à l'hospice mais chez elle rue de l'Asperge, en un quartier populaire de Toulon. C'est Jean-Baptiste qui est venu déclarer le décès de sa mère, qui a préféré ne garder de son père que le "métier" de militaire qu'il a exercé une année seulement, mais plus glorieux que celui de portefaix.

  
Naissance de Claudine Manin en 1778 à Trévoux DDDDDDDDDD Mort en 1845 à Toulon

Les métiers d'Annet
Guillaume avait exercé quelque temps l'activité de tireur d'or, sans compétence apparente, en tous cas sans réussite. Il en sera de même d'Annet qui en outre exercera diverses activités que l'on ne peut pas à proprement parler qualifier de métiers, tant elles requièrent peu d'expérience.
C'est dans la longue litanie des actes de naissance et de décès de ses enfants que l'on prend connaissance des professions indiquées par Annet. Comme toujours dans les actes publics, l'officier d'état civil greffier ne fait que transcrire les informations que lui communiquent les personnes présentes, qui ne sont parfois que des tiers étrangers à la famille. Dans tous les cas, qu'elle soit fournie par les titulaires (lorsqu'ils souhaitent paraître autres que ce qu'ils sont) ou leurs représentants (qui ne savent pas très bien), la qualification n'est pas certaine.

Donc Annet est d'abord agriculteur à son mariage en 1801, ce qui est plausible car il habitait alors (avec sa mère remariée?) la commune rurale voisine de Saint-Didier en Formans.
A la naissance de son premier enfant Jean il n'est pas présent mais contrairement à son père lors de la naissance de la présumée petite soeur, il y a une bonne raison à cela. Annet est en effet "volontaire au service de la république", nous sommes en l'an 11 de cette république, plus précisément sous le régime politique du Consulat le plus strict puisque Napoléon Bonaparte vient d'être nommé Consul à vie. Donc une première république me semble-t-il assez bridée. Annet gardera de cette époque un attachement à l'empereur expliquant l'attitude qu'il aura en 1817.
Nous ignorons pourquoi ce service de la république s'est arrêté, mais pour le deuxième enfant en 1806, Annet est bien présent, il est alors journalier, information que l'on peut considérer comme fiable car de première main.

Il en sera de même jusqu'en février 1809, déclaration par deux témoins à l'occasion du décès de Marie. Mais la même année, en décembre, pour la naissance d'Antoinette, pas d'Annet en vue, c'est une sage-femme nommée Innocente qui fait la déclaration, l'enfant est né au domicile de Claudine et Annet mais celui-ci n'est mentionné ni comme déclarant, ni avec les témoins signants, comme si l'enfant n'était pas de lui. Etait-il en fugue ou emprisonné comme cela arrivera plus tard? l'histoire ne nous le dira pas.

Pour le suivant Jean-Guillaume deux ans plus tard, tout semble rentré dans l'ordre, Annet est journalier et signe, il en fait de même pour son décès (chose inhabituelle car le père ne vient pas en général à cette occasion) et en 1813 pour la naissance de François.
Changement de décor en 1816 pour Jean-Baptiste, Annet est déclaré homme d'argue. On nomme ainsi les quatre travailleurs qui font tourner le cabestan de l'argue étirant le lingot d'or. Annet s'est donc aussi essayé comme son père à exercer cette activité.
Annet n'est plus tireur d'or en 1819 pour la naissance de Michel-Claude mais entre temps il y a eu l'épisode de la révolte de 1817 que l'on va bientôt décrire et qui lui a fait perdre plus que son emploi. Il est redevenu journalier. Il est ensuite crocheteur l'année suivante lors du décès du même enfant. Dans la série des petits métiers, celui de crocheteur est voisin de portefaix. Le crocheteur charge, décharge et porte des fardeaux sur et avec des crochets. Ce n'est certainement pas plus reposant que tirer l'or.
En 1836, lors du premier recensement, il déclare être fossoyeur, triste ironie du sort lorsque l'on a fait soi-même enterrer six enfants. Ce qu'il reste de la famille (seuls enfants présents Jean-Baptiste n°2 et Antoinette n°2) habite alors 1 Grande Rue.
On lui réattribuera son activité de journalier au dernier acte (au sens administratif) celui du décès à l'hospice en août 1841.
En fait, ces appellations diverses ne décrivent qu'un type d'activité de travaux de force ou de portage exécutés au gré des opportunités auprès des marchands, entreprises ou services publics.

Les signatures "en bâton" d'Annet au cours de sa vie DDDDDDDDD L'acte de décès d'Annet en 1841 à Trévoux


Les activités politiques d'Annet - l'insurrection de 1817
J'avais le pressentiment que les trous dans l'emploi du temps de guillaume et d'Annet pouvaient cacher des activités sinon délictuelles, au moins en conflit avec l'autorité au sens large du mot. Leurs descendants de même patronyme ont été réputés, peut-être le sont-ils encore, pour être, non des marginaux, mais parfois des originaux. Je dirai que ce sont des personnages qui ont des convictions, n'est-ce pas une présentation des choses plus politiquement correcte?
Peut-être découvrirons-nous un jour d'autres traits de ces deux ancêtres dans la lignée de celui que je vous décris maintenant.

Nous sommes en 1817, deux années auparavant le retour aux affaires de Napoléon s'est soldé par Waterloo, il est maintenant cloîtré dans une île en plein Océan. Il garde toutefois de nombreux partisans nostalgiques de son époque. Annet en fait partie.
Surtout le climat général n'est pas bon. Le bon gros Louis XVIII revenu dans les fourgons de l'étranger suivant l'expression de l'époque, couvrait ce que l'on a nommé la terreur blanche de monarchistes voulant prendre leur revanche sur la Révolution.

Annet se situait à l'autre extrémité de l'échelle, ses préoccupations n'étaient pas spécifiquement politiques, il avait plus prosaïquement le souci de pouvoir nourrir sa famille qui était nombreuse malgré les décès. Avec un salaire pitoyable et certainement très irrégulier. Alors toutes les petites gens, portefaix, journaliers crocheteurs et autres, souffraient plus que d'autres de la situation économique qui régnait, les prix des éléments de base ayant explosé en 1817, un mouvement de mécontentement, voire de révolte, s'est levé plus particulièrement en région lyonnaise et de façon assez précise autour de Trévoux.
Pas de CGT, nos ancêtres pouvaient se réunir par petits groupes animés par des meneurs un peu plus affutés qu'eux.

C'est dans ce contexte qu'Annet s'est trouvé mêlé à ce qui est connu comme l'insurrection de Lyon de 1817. Une relation de cette révolte avortée (déclenchée le 8 juin, elle était matée la nuit même) a été faite par le préfet du Rhône, le comte Chabrol qui, faisant preuve d'humanisme et de compréhension envers ces pauvres bougres, rappelle leur condition misérable et l'impact que pouvait avoir sur eux, par exemple, l'augmentation de 42 à 64 cents du prix de la farine. Un paragraphe nous concerne :

Le sous-préfet de Trévoux, ainsi que le procureur du roi de cette ville, faisaient arrêter dans le même moment les nommés Valençot, Tavernier, et quelques autres individus de cette ville ou des environs, et les remettaient entre les mains du prévôt. Il résulte de leur interrogatoire et de l'instruction que leur projet était de faire un mouvement d'insurrection, de se réunir sur Anse, pour de là se porter sur Lyon, y déplacer les autorités, et changer la forme du gouvernement.

Rien de moins que cela! Et Annet qui faisait partie des quelques autres individus aurait été nommé au moins ministre! l'outrance de ce qui est reproché est de bonne guerre. Les autorités en place maximisent toujours les dangers potentiels auxquels elles ont fait échapper les populations. On lit par ailleurs dans le même rapport que les quelques personnes qui voulaient "changer le gouvernement" étaient parfaitement connues, leurs actes et déplacements contrôlés.

C'est grâce aux recherches faites par Société généalogique du Lyonnais et du Beaujolais que nous disposons d'informations précises sur les personnes qui ont été condamnées très lourdement à la suite de ce mouvement de révolte, parmi lesquels Annet. Merci à Joelle Bocuse qui nous a procuré ces informations. Il y eut 29 condamnations à mort, beaucoup par contumace.

De la ville même de Trévoux, il y eut trois condamnés : Jean Valençot tireur d'or, Annet Bouvant qui travaillait sous ses ordres comme ouvrier à l'argue, et Pierre Charles Latreille, cordonnier, tisserand et barbier. Jean Valençot qu'avait cité le rapport du préfet a été condamné de suite à mort avec confiscation de biens, comme chef de bande, le 19 juin et exécuté le 20 juin. C'est ce que l'on peut appeler une justice expéditive, le couloir de la mort ne devait pas être encombré à Trévoux.
Annet était condamné le 28 juillet, il écopait d'une lourde peine de 3 ans de prison, 200FRF, 5 ans de surveillance police et 500FRF de caution. Motif : "a répandu des nouvelles alarmantes et invoqué le nom de l'usurpateur" (traduire : "Napoléon").
On reste confondu face à cette peine énorme, démesurée et complètement irréaliste pour un homme totalement insolvable.

Annet en prison, il y avait dans le foyer avec Claudine seule, 5 enfants : Jean, notre arrière arrière grand-père aîné de 15 ans, Magdeleine 11, Antoinette 8, François 4 et Jean-Baptiste 1 an. Notre ancêtre Jean qui allait devenir chapelier, était apprenti. Comment notre famille Bouvant a-t-elle pu survivre au cours de cette année 1817, c'est un mystère.
Les peines ont été commuées le 9 janvier 1818; Annet a retrouvé la liberté le 31. Il va poursuivre sa mission de création de petits Bouvant, le dixième naîtra en mai de l'année suivante. Il avait 45 ans et encore 2 Bouvant à faire naître.

Troisième et dernière génération trévoltienne : J E A N le chapelier
Nous venons de l'évoquer, et c'est à lui de prendre le relais de ses turbulents et prolifiques parents.
Il était l'aîné, il a vu naître et mourir un grand nombre de ses frères et soeurs, on ne peut s'empêcher de penser qu'il était un garçon sûr et équilibré qui survit aux tempêtes de toutes sortes qui ont ébranlé le foyer, mais ce n'est qu'une supposition.

Il a de toute évidence été une aide pour ses parents dans les moments difficiles qui viennent d'être évoqués. Il s'engage donc pour acquérir un vrai métier, celui de chapelier. Il a ainsi la profession d'ouvrier chapelier lorsqu'il se marie en 1826 avec Marie-Cécile Revelu.

Celle-ci était née le 2 avril 1803 à Saint-Amour dans le Jura. Cette commune ne doit pas être confondue avec celle de Saint-Amour Bellevue, berceau d’autres ancêtres Bouvant, qui est en Saône-et-Loire, dans la partie du Mâconnais qui se confond avec le Haut Beaujolais. Ici, on est à la frontière du Jura, face au village de Beaupont dans l’Ain, que toute la famille des Bouvant de Lyon a bien connu pendant la guerre 39-45 (et au-delà) pour ses trésors de bouche.

Depuis l’ouverture des archives numériques de ce département nous disposons d’informations sur son ascendance, toutefois limitées du fait de la provenance inconnue des acteurs cités dans les actes. L'acte de mariage indique que sa mère Benoite Gindre et son père Claude-Marie résidaient à Saint-Amour où ce dernier était charpentier. Marie-Cécile était née le 12 germinal an XI (3 avril 1803). Ses parents s’étaient remariés après le décès de leur conjoint respectif, en juillet 1786, un frère de Marie-Cécile était né en 1788. Les parents de Claude-Marie, François et Jeanne-Claire Dupont, résidaient à Saint-Amour. De même que les parents de Benoîte Gindre mariés en 1752, Joseph vigneron et Catherine Charnet, ainsi que ses quatre grand-parents, Benoit Gindre - Claudine Guillermin et Claude Charnet - Claudine Jaquemin. Les parents n'ont pas fait le voyage depuis leur pourtant proche Jura, se contentant de faire parvenir un acte de consentement établi par le notaire de Saint-Amour. Les quatre témoins tous de Trévoux montrent que Jean a des relations plus "bourgeoises" que son père. Il y a un cloutier (traduisez par quincailler) un propriétaire, un boulanger et ... un gendarme, dont je ne sais pas si Annet, présent et qui a signé, a beaucoup apprécié la venue.

Jean et Marie-Cécile vont avoir quatre enfants, Pierre, Nicolas, Claude Eugène notre arrière grand-père et Alexandrine. Au recensement de 1836 la famille habite rue de l'Hôpital. Jean qui a toujours été ouvrier chapelier devait travailler dans une fabrique de chapeaux. Il abrite chez lui son frère le premier des Jean-Baptiste qui a 20 ans et travaille comme veloutier. Nous sentions bien qu'il avait l'esprit de famille!
La situation sera la même en 1841, mais il faut signaler qu'Alexandrine n'est jamais apparue car elle est née en 1838 et décédée moins d'un an plus tard.

Des trois garçons, l'aîné Pierre quitté la maison très jeune puisqu'en 1846 il n'y était plus. Engagé volontaire, incorporé le 20 juin 1848 au 11ème régiment de dragons de la gendarmerie, il a fait toute sa carrière dans ce corps, en terminant en 1876 avec le grade de capitaine. A la suite de ses campagnes, à Solférino en 1859 puis contre l'Allemagne en 1870, il fut décoré de la Légion d'honneur en 1876 ce qui fait ressortir souvent son nom dans les recherches sur internet. Après son mariage en 1861 à Léré dans le Cher avec Marie Célérie Lafond, (aussi marié 9 février 1863 à Catherine Joséphine Maillot à Decize, Nièvre?) sa famille résida au gré des garnisons de Pierre dans des villes du centre de la France, Allier, Nièvre et Loiret. Il n'est donc pas étonnant de renconter des cousins Bouvant dans ces régions.

Peu d'informations sur le second fils Nicolas, qui est né en 1829. En 1846, à 19 ans, il travaillait comme veloutier et résidait chez ses parents qui avaient emménagé rue des halles. Mais en 1866 nous le retrouvons contremaître résidant à la Sidoine quartier regroupant un grand nombre de travailleurs hommes et femmes célibataires, probablement dépendant d'une fabrique importante.
Il était à Toulon lorsqu’il se marie, il était déjà vraisemblablement employé de l’administration. Il a plusieurs enfants et obtient un poste dans une lointaine colonie.
On le retrouve comme commis aux vivres à l'Ile-Nou en Nouvelle Calédonie en 1878. Il était employé du pénitentiaire situé dans cette petite île qu'un pont relie maintenant à Nouméa dont elle devenue un quartier.
Il est mentionné au J.O. du 16 janvier 1879 comme appartenant au service des Subsistances "premier commis aux vivres de 1re classe; 21 ans de services". Après l'insurrection dite de la commune en 1870, il y eut de nombreux déportés en ce lieu.
Les conditions climatiques et de détention furent jugées plus tard trop clémentes, la Nouvelle-Calédonie perdit beaucoup de son activité au profit de Cayenne en Guyane, au climat redoutable.

Le troisième enfant est Claude Eugène notre aïeul qui naît le 18 décembre 1831.

Je n'attribue pas plus de crédit à la qualification de journalier donnée à Jean en 1866 par le recensement qu'à celle de voiturier qui lui avait été attribuée en 1846 et à l'absence du couple en 1851 où manquent la moitié des rues.
Mal rédigés et incomplets, tels sont les recensements trévoltiens.
 
Jean n'apparaîtra plus dans les listes de Trévoux car le 20 mai 1869 il décède à l'hospice de Trévoux.On retrouve alors Marie-Cécile veuve revenue rue des Halles dans le logement abandonné par Claude Eugène et sa famille qui ont émigré à Saint André de Corcy. Elle meurt à l'hôpital de Trévoux le 30 décembre 1891 au bel âge de 88 ans.

DDDD

Claude Eugène naît à Trévoux et se marie à Villefranche

Le troisième enfant de Jean Bouvant est Claude Eugène notre aïeul qui naît le 18 décembre 1831.

Il quittera la maison assez tôt et résidera en dehors de Trévoux où il reviendra après son mariage à Villefranche en 1863 pour occuper la maison de ses parents qui vivaient seuls depuis une dizaine d'années et qui vont alors habiter à la Porte Saint Bernard.

Quelques années après avoir quitté la maison familiale de la rue des halles à Trévoux pendant lesquelles nous ne pouvons pas vous donner d'information sur sa résidence et son emploi du temps, Claude Eugène a fait connaissance d'une Caladoise qui exerçait la charmante activité de demoiselle de magasin (c'est tout de même mieux que vendeuse) sous le nom de Marie Bernard. Attention aux homonymes, si vous cherchez un Bernard vous n'aurez pas moins de 12 000 réponses dans le seul département de l'Ain. Notre future grand-mère travaille alors dans le Rhône (le département) à Villefranche-sur-Saône (la rivière) dont les habitants sont des Caladois et qui entre parenthèses a de fortes chances de devenir le chef-lieu du département coupé de Lyon en janvier 2015.

C'est donc dans cette ville que se déroula le vingt sept octobre 1863 le mariage entre Claude Eugène et Marie Bernard. L'acte que vous avez sous les yeux est pour une fois bien lisible, je vous en résume toutefois les grandes lignes. Présentations de la mariée d'abord, notre arrière grand-mère: la famille est bressane, elle est née à Savigneux le 25 octobre 1837, l'acte de naissance établi un mois plus tard est erroné sur l'identité du père; elle a donc 26 ans (le greffier écrivait bien mais ne savait pas compter). Son père Antoine Marie est décédé à Cras neuf années auparavant, sa mère Judith Billard est présente. Les témoins sont : employé des chemins de fer de Lyon, secrétaire de mairie à Anse, hôtelier et coiffeur à Villefranche, donc rien à (re)dire.

Naissance de Jules et ses deux frères à Trévoux
Trois enfants mâles vont naître dans la foulée :
Notre grand-père Jules commandé dès les noces célébrées, naît le 16 août 1864.
Le cadet Jean Antoine arrive deux ans plus tard, naissance le 29 septembre 1866.
Encore deux ans pour voir le sept octobre 1868 le benjamin, Claude Eugène comme son père. C'est certainement cette homonymie complète qui le fera désigner toute son existence sous l'appellation de Joany qui est un diminutif d'Eugène.

C'est peu après que Claude Eugène abandonne la maison que son père lui avait laissée et décide d'embarquer toute la famille pour tenter fortune à Saint-André de Corcy. Les enfants y grandiront là, y compris leur petite soeur Eugénie qui va naître dans la commune le 4 juin 1876.

Naissance du grand père Jules et de ses deux frères à Trévoux

Notre arrière grand père Claude Eugène migre à Saint André de Corcy
Pourquoi dans ce village? cela me semble clair. Claude Eugène qui était veloutier voulait devenir voiturier comme son oncle François à qui cela réussissait assez bien. Il démarra donc l'activité à Trévoux et décida de tenter sa chance dans la proche commune de Saint-André de Corcy pour deux raisons. D'abord pour ne pas se trouver en concurrence avec son oncle. Mais surtout pour se placer en un lieu qui, sur la grande route de Lyon à Bourg-en-Bresse, était idéalement placé pour développer un relais de diligences. Voilà enfin un Bouvant qui avait le sens des affaires.
place de la Croix-Blanche en 1920 DDDDDDDDD le relais de diligence dit de la posteDDDDDDDDD un nouveau "relais" a pris la suite
La route de Lyon à Bourg traversait donc St André de Corcy, le relais de diligence pris en mains par Claude Eugène était bien situé sur la place centrale. Celle-ci semble aujourd'hui petite car surchargée de véhicules. Au 19ème siècle elle était très dégagée et paraissait très vaste. L'hôtel à l'angle de la rue de Lyon a été restauré et ses colombages lui redonnent son allure très certainement originelle de relais de poste. Sans être l'affaire du siècle, on peut penser que le relais avait une activité soutenue.

Les rares souvenirs de famille laissent à penser que le maître de relais, qui dirigeait ce que l'on appelait une "entreprise de voitures publiques" était un personnage assez spécial. Je rapporte dans le "roman des Bouvant dans le Var", la façon dont le consentement des parents avait été notifié à son fils Jules, la "femme Bouvant" ayant été amenée en l'étude notariale par son mari "sous son expresse autorité". Un trait de sa personnalité a donné lieu à des anecdotes quelque peu égrillardes voire salaces, sur la manière dont il s'y prenait pour aider les passagères à s'extirper de la diligence. Passons...

Ceci dit, à cette époque comme de nos jours, St-André-de-Corcy ne brille pas par son attrait, et pour les quatre enfants le village manquait de possibilités : une école qui aurait permis de poursuivre ses études au-delà de Bac-4, et bien entendu des emplois.
Alors que Niepce était déjà mort depuis 60 ans, aucun de ces aïeux n'a légué de portrait et ne nous a laissé de trace écrite.

Le service des Armées qui pense à tout met heureusement à notre disposition des descriptions écrites des trois frères, mais vous risquez cependant de rester sur votre faim. Ce qui intéresse en effet l'armée est le bon état de marche (au sens pédestre) des citoyens mobilisables. Donc vous apprendrez que le plus jeune, Claude Eugène dit Joany, n'était pas opérationnel car il avait une légère varice gauche (sic), que son frère aîné Jules ne valait pas mieux car il avait un chevauchement d'orteils (resic), ils n'étaient donc propres que pour le seul service auxiliaire. Ah mes pauvres aïeux! Seul Antoine était propre au service armé (re-resic) le document indique ses états exacts de service et de réserve, mais il est cependant mort dans la force de l'âge.
Ne soyons pas injustes, ces documents nous renseignent sur la couleur des yeux et la grosseur du nez, c'est mieux que rien.

Vie à Saint André de Corcy et dispersion de la famille
En 1876 à la naissance d'Eugénie, une Clémentine nourrice vit avec la famille. En 1886 notre grand-père Jules a émigré au sud, Claude Eugène est entrepreneur de transports et ses deux fils sont devenus voituriers. En 1891 le père et Antoine sont voituriers, Joany cocher. La mère est devenue cafetière, certainement dans l'hôtel lié au relais. Elle se fait prénommer Mariette à chacun des recensements, et même Mie (pour Marie?) Catherine en 1896. Antoine qui travaille avec son père est le seul enfant à la maison. Joany et sa soeur Eugénie sont partis à Lyon.

C'est cette année que Claude Eugène décède en juin il est enterré dans le village. Comme ses aïeux à Trévoux, il ne laissera personne sur place. A St-André-de-Corcy comme à Trévoux, de même que dans tous les villages des Dombes où vécurent des générations de Bouvant, il n'y a plus de trace de leur existence dans les cimetières où plus aucune concession n'est "perpétuelle". Les plus vieilles tombes visibles datent de l'après guerre (celle de 39-45).


naissance en 1876 de la "tante ficelle" et décès de Claude Eugène le maître de relais de diligences
Marie alias Mariette a vécu jusqu'en 1919, mais je n'ai pas encore retrouvé quel a été son dernier parcours. Elle avait auparavant rejoint sa fille Eugénie à Lyon après le décès de Claude-Eugène. En 1901, elles résidaient au 61 du. cours Vitton dans le 6ème arrondissement, Marie avait 64 ans, Eugénie 24, déclarée sage-femme. Puis plus de trace administrative des deux femmes

Vous pouvez suivre l'odyssée de l'aîné Jules dans l'ouvrage consacré aux Bouvant du Var.

Les deux autres enfants allèrent aussi à Lyon, la capitale des Gaules offrait du travail. Claude-Eugène, qui ne souhait apparemment pas garder le prénom de son père, fut connu par la famille sous le nom de l’oncle Joany, s’y est installé. Il a vécu célibataire jusqu'en 1948. Il eut plusieurs logements, nous indique sa fiche de suivi militaire, en 1893 il était rue de Sèze, 163 rue de la Guillotière en 1898, puis avec les trois autres membres de la famille au 61 cours Vitton en 1900. Après un passage rue de Sèze il s’est établi avant 1910 dans un immeuble 16 place Carnot près de Perrache, qui fut le point de chute de son neveu Eugène lorsque, jeune marié, il faisait le voyage retour vers Lyon que son père avait fait en aller vers le Var. Cet immeuble logeait des personnes employées par l'OTL, qui était la régie des transports de la ville de Lyon (les initiales signifiaient Omnibus Tramways de Lyon et non On Transporte Lentement comme prétendait Olinde). Il est mort à cette adresse.

Antoine avait repris l'activité de voiturier comme son père, puis créé une petite entreprise (on dirait maintenant auto entrepreneur) à Vaulx-Milieu, qui n’a pas marché. Les autorités militaires à qui ce genre de chose n’échappent pas, ont noté qu’il il a changé plusieurs fois de logement, en 1893 il habitait au 83 rue Boileau, en 1898 il était 143 rue Cuvier, repéré au 61 cours Vitton en 1900, puis en une autre rue de Lyon, puis à Bourgoin, et en 1907 22 rue de la République à Vaulx-en-Velin où il exerçait son “auto entreprise”.
Enfin il se trouve le jour de sa mort au 114 rue de Créqui (avec sa soeur? et peut-être sa mère notée comme étant vivante sur l’acte de décès) le 6
Leur jeune soeur Eugénie Cécile devint sage-femme, habitant rue de Créqui dans le 6ème arrondissement. Elle fut connue dans ses dernières années par la fratrie des enfants d'Eugène et Olinde (elle est décédée en 1952) comme étant la "tante Ficelle". Sourde comme un pot, elle avait en effet imaginé un ingénieux dispositif avec une longue ficelle sur laquelle on tirait depuis l'extérieur de son appartement, ce qui mettait en mouvement dans toutes les pièces des morceaux de papier accrochés à la dite ficelle. Elle était pour nous ce que nous appelions une vieille fille, mais le recensement de 1921 nous apprend qu'elle vivait alors avec sa fille Louise née en 1900 à Lyon, il y avait donc certainement eu un avant ignoré par son neveu Eugène. On a vu qu’elle vivait avec sa mère en 1900, mais les recensements ont failli à leur tâche puisqu’entre cette date et 1921 elle n’est pas citée. Or Antoine est décédé à cette adresse et c’est là qu’elle réside en 1921 avec sa fille (?) née en 1900, ce qui laisse entendre que sa mère Marie serait venue sur place pour assister sa fille sage-femme qui accouchait.


Ce secteur géographique a abrité un très fort contingent de nos ancêtres, nous en avons retrouvé en effet 59. Ce sont les ascendants de deux femmes, Marguerite Grandjean de la 6ème génération et sa belle fille Claudine Manin (donc de la 5ème génération) qui vinrent fondre dans le nom Bouvant leurs nombreux patronymes en se mariant à Trévoux respectivement avec Guillaume et son fils Annet. A noter que la branche patronymique Bouvant, avec Jeanne Vernay, est décrite en un site spécifique portant le nom du lieu d'origine de celle-ci, à savoir : la Bresse Jurassienne.

Bresse Jurassienne XXXXXXXXXXXterres de vignobles du beaujolais et du mâconnaisXXXXXXXXXXXX haut-beaujolais
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Jean est le père de Claude Eugène (Trévoux puis St André de Corcy) père de Jules (Solliès-Pont) père d'Eugène (Lyon)


Etonnant ce chassé-croisé auquel elles nous convient dans ces contrées. A l'instar de ce qui s'était passé plus haut en Saône et Loire, dans la Bresse Jurassienne, deux branches d'ancêtres qui ont vécu côte à côte depuis des temps immémoriaux se voient associées par la grâce de deux "terminaisons" dont l'une devient la belle-mère de l'autre, en dehors de leur territoire.

On le voit bien sur la carte. L'aînée nait à Fleurie, son père provient de deux communes au nord (Pruzilly et Saint-Amour) sa mère de deux communes à l'est (Vauxrenard et Saint-Christophe). La cadette naîtra à Corcelles, l'ascendance paternelle est au nord à Chaintré et Chânes, celle de la mère vient du "far west" Aigueperse et Saint-Igny. Tout cet espace se réduit pour nous à un mouchoir de poche, ce n'était bien sûr pas le cas à leur époque.

Il y a cependant deux terroirs bien distincts. Le plus important, à l'est, est au coeur d'une des plus importantes zones vinicoles de notre pays, si proches mais à l'identité bien distincte, le Mâconnais et le Beaujolais. Egrener le nom de ces communes de nos ancêtres donne l'impression de consulter la liste des crus d'un bon caviste. Cependant les communes avoisinant les heureuses nominées ont aussi d'excellents vignobles. Ainsi une commune d'ancêtres telle que Pruzilly, dont le nom ne nous est pas connu, abrite sur son territoire des parcelles produisant les appellations qui la jouxtent, Juliénas, Saint-Amour, Saint-Véran, Chasselas ou Pouilly. Si vous y allez, vous aurez le choix! Nos ancêtres étaient (presque) tous des vignerons.

Nos trois communes de l'ouest n'ont par contre rien à voir avec l'or liquide rouge ou blanc. Le territoire est plus austère, certainement plus froid, on est dans ce que l'on appelle les Monts du Beaujolais, avec de l'élevage et des forêts. On n'est plus très loin du Roannais et du Charolais, avec un pied dans le Brionnais.

Je dois exprimer une reconnaissance toute spéciale à ces trois communes car elles ont conservé des registres d'état civil depuis le tout début du 17ème siècle. Cela nous a permis de découvrir deux couples, donc QUATRE ancêtres de la 11ème génération, les seuls qui nous soient parvenus pour toutes les branches d'ascendance de la famille Bouvant. Un coup de chapeau à ces arrière-arrière ... (je n'ose pas imaginer combien je devrais répéter ce mot pour me situer par rapport à eux) qui nous viennent du fond des âges et du fond des terres.

En première partie, on va pénétrer en territoire des ascendants de Marguerite Granjean : Fleurie, Saint-Amour, Pruzilly d'une part, Vauxrenard, Saint-Christophe en Montagne d'autre part.

1ère Partie : Marguerite Granjean épouse Bouvan
de la 6ème à la 10ème génération


L'histoire de la vie de Marguerite Grandjean est au coeur des débuts trévoltiens du récit de l'histoire des Bouvant de l'Ain. On va rappeler simplement ici qu'elle fut l'épouse de l'énigmatique Guillaume Bouvant et la mère d'Annet à la vie tumultueuse qui eut une nombreuse descendance. C'est l'acte de décès de Marguerite en 1815 à l'hospice de Trévoux qui révéla son lieu de naissance dans le Beaujolais. C'est donc de là que démarre le présent recueil qui va remonter son ascendance au plus loin qu'il nous est possible de le faire. En étant conscient qu'elle ignorait certainement tout de ces ancêtres dont nous mettons en évidence l'existence quatre siècles plus tard. Je ne reviendrai pas sur le très mauvais état des actes de cette époque à Fleurie (on écrivait alors Fleury), le sien a été cité en exemple des trésors de patience paléographique qu'il faut parfois déployer pour déchiffrer des registres paroissiaux. L'esssentiel est obtenu, elle est née le 7 juillet 1746, fille de JEAN GRANJEAN et ANNE AUGAY. Disons tout de suite qu'aucun des deux parents n'était né à Fleurie où ne figurait, depuis les premiers registres de 1670, aucun de leur patronyme.

Ce n'est qu'après un certain nombre de recherches fastidieuses et infructueuses dans toutes les communes du Rhône et de la Saône et Loire qui voisinent Fleurie, que furent mis à jour leurs lieux d'origine respectifs, Saint-Amour et Pruzilly en Mâconnais d'une part, Vauxrenard et Saint Christophe à l'ouest du Beaujolais d'autre part.



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a) Ascendance Paternelle Granjean
familles alliées Chatenay, Tardi, Montou, Lafond, Goubillon


Les ancêtres Granjean sont de Saint-Amour

Le nom complet est Saint-Amour Bellevue, mais pour tous les amateurs de bon vin l'appellation saint-amour suffira.
Les premiers registres révèlent la fratrie Granjean de la neuvième génération.

On constate cependant que malgré la très grande fertilité des 9ème et 8ème génération Grandjean, un seul mâle, l'ancêtre Charles sera en mesure de transmettre ce patronyme à la génération suivante.

La branche Chatenay venait de Pruzilly, de la 10ème à la 8ème génération

Cette petite commune (elle n'a que 200 habitants et n'en a jamais compté plus de 500, au 19ème siècle) ne porte pas le nom d'un grand cru, mais elle en recèle cependant un certain nombre en ses propres terres. Donc encore un pays de vignerons.
Des registres plus anciens qu'à Saint-Amour (ils démarrent en 1643) nous permettent de découvrir les ancêtres de la 10ème génération grands parents de Cécile.
la 10ème génération
la 9ème génération
Avec un registre en meilleure forme, nous pouvons apprendre maintenant que Philibert s'est marié à 34 ans le 14 février 1681, avec une jeune fille de la commune Claudine Montou. De cette union naîtront cinq enfants dont notre Cécile.
la 8ème génération C'est alors Claudine Montou leur mère qui meurt juste après, le 14 janvier 1690, certainement des suites de ses grossesses, elle n'a que 32 ans! Philibert épouse rapidement une autre femme pour élever ses enfants ... et en avoir d'autres. Le mariage a lieu le 13 juillet 1690 avec Louise Roux. La série peut donc reprendre :
Leur mère, la seconde épouse Louise Roux ne survivra elle non plus pas longtemps son décès est annoncé en janvier 1705, elle avait alors 50 ans. Ainsi ce ne sont pas moins de 6 frères et soeurs de Cécile qui sont morts dans les quelques mois suivant leur naissance. Quant à elle, après un mariage à 27 ans on sait dans quelles conditions elle a vécu ses dernières années pour mourir à 36 ans, à peine plus que sa mère.

Du côté des Montou, autre branche de Pruzilly


9ème génération La mère de Cécile s'appelle CLAUDINE MONTOU, un patronyme bien présent à Pruzilly. A son mariage en 1681 avec Philibert elle a 23 ans mais sa destinée a été semblable à celle de sa fille, on a vu en effet qu'elle meurt encore plus jeune qu'elle, après la quatrième naissance

10ème générationSes parents étaient Cyprien Montou et Françoise Goubillon, autre famille de Pruzilly. Il y avait peut-être eu d'autres naissances entre temps car les pages numérisées sont très désordonnées et certainement incomplètes. Toujours est-il que celle-ci sera la dernière car elle causera la mort de la mère, l'acte de décès suit direcement l'acte de naissance mais il est double car "ont été mises en terre la mère et l'enfant". Après cela Cyprien va bien entendu se remarier rapidement. Deux mois plus tard il épouse une jeune femme de Renie au joli nom de Vincelette Dumonceau. Quatre autres enfants naîtront : Vincelette décède le 20 janvier 1694 à 51 ans. En trois générations d'ancêtres de Pruzilly, trois destins de femmes comme on l'a malheureusement rencontré si souvent dans les branches de l'arbre des Bouvant. Elles meurent en couches ou peu après avoir mis au monde un nombre beaucoup trop élevé d'enfants dans le peu de durée de leur existence de femme au foyer.

Les Granjean arrivent à Fleurie

Il est vraisemblable que la famille Chatenay soit arrivée dans la commune de Saint-Amour aux alentours de 1700. CÉCILE CHATENAY a épousé CHARLES GRANJEAN le 26 janvier 1712, mais elle avait laissé une trace de sa présence à Saint-Amour en 1707, un acte de naissance signalant que la marraine était Cécile fille de Philibert Chatenay. Une autre indication plus précieuse est fournie par un acte de mariage antérieur, en janvier 1704 il est précisé que la mariée Benoiste Chatenay est de Pruzilly, commune voisine qui s'est avérée être le berceau de notre branche Chatenay.

Le nom de Grandjean apparaît pour la première fois à Fleurie en 1724 avec la naissance d'une fille de Charles Granjean et Louise Buissonnat qui arrivent de Saint Amour avec leur fille Anne et les enfants nés d'un premier mariage. 6 enfants naîtront à Fleurie : Mais en 1737 on apprend le décès de Charles le père âgé de 50 ans.Tout devient clair lorsqu'est relaté en novembre de la même année 1737 le mariage de Jean Granjean et d'Anne Augay, donc des parents de Marguerite, l'acte précisant le nom des parents des époux. Pour ceux du marié (pour l'épouse on traitera plus tard) il s'agit de feu Charles grandjean et feue Cecile Chatenay. Notre ancêtre Jean est le fils de Charles, il a suivi son père venu s'installer à Fleurie avec une nouvelle épouse après son veuvage.

Dans les actes suivants, d'autres citations portent le nom de Grandjean, elles sont logiques, ce sont les naissances des enfants du jeune couple, donc les frères et soeurs de Marguerite. Respectivement
Il n'y aura plus de Grandjean dans les registres paroissiaux pendant les années qui suivent. Pour les antécédents, les recherches ont été entreprises assez systématiquement dans tous les villages entourant Fleurie (rien à voir avec une tournée de leurs caves) : Chénas, Juliénas, Villié-Morgon, Emeringes, Chiroubles, Renie, St Jean d'Ardières, Vauxrenard, Romanèche, Chasselas (beaucoup de Grandjean dans cette commune mais pas les nôtres). Une information avait été mal exploitée dans un acte de naissance d'un enfant de Charles, la présence d'une personne de Saint-Amour, en Saône et Loire (mais les départements n'existaient pas encore). Et c'est là que charles a été retrouvé.

L'existence de Charles Grandjean et de son épouse Cécile Chatenay à Saint-Amour apparait clairement. La famille Grandjean sera appréhendée entièrement dans les registres survivants de la commune. Le premier document disponible démarre en effet en 1689, ce qui est tardif. Quant à Cécile elle n'y figure que durant les quelques années de son mariage, mais l'information d'un témoin nous aiguilla sur une autre commune, Pruzilly berceau des Chatenay. Faute d'information antérieure à 1689, ce sont celles que nous procurent les décès lorsque l'âge du défunt est indiqué, qui nous permettent de remonter au-delà des registres. Ainsi Charles avait 50 ans lorsqu'il est décédé à Fleurie, sa naissance remonte donc à 1687, juste avant le premier registre numérisé. Il en est ainsi pour son père décédé en 1692 à 42 ans, donc né en 1650. Aussi pour sa mère Marie Tardi qui ne l'a pas accompagné à Fleurie car elle est décédée en 1723 à 70 ans à Saint-Amour, où elle était donc née en 1650.

La vie courte et prolifique de Charles Grandjean

Il devait être conscient de cette responsabilité qui lui était ainsi attribuée par le sort, car il va s'attacher à laisser une progéniture maximale, comme on va en juger. Il épouse le 26 janvier 1712 Cécile Chatenay qui n'est pas originaire de Saint-Amour. Sept enfants vont naître dans les huit années suivantes
Ce qui fait (presque) un enfant chaque année. Sûrement trop pour Cécile qui meurt quelques jours après la naissance de Charles, la veille de Noël le 24 décembre 1721. Charles est veuf, 2 enfants sont morts en bas âge, il en reste 5 qui ont entre 3 semaines et 8 ans. La coutume en de tels cas est que le père donne le plus tôt possible une autre mère à sa progéniture. C'est ce qu'il fait, puisqu'il épouse Louise Buissonnat le 27 janvier 1721, son épouse enterrée depuis un mois seulement, les bans ont été publiés à la hâte sitôt les festivités passées (et ratées), dès le premier janvier. Charles va reprendre le cours des créations de petits Granjean, un premier enfant du couple va naître en 1723, ce sera Anne. C'est alors que notre vigneron d'ancêtre abandonne le Saint-Amour pour se convertir au Fleurie où nous l'avons découvert l'année suivante pour la naissance de sa fille Marie, suivie par cinq autres (c'est la première liste qui ouvre ce récit), la série étant brutalement interrompue par le décès de Charles en 1737 quelques mois après la naissance du dernier, Claude. Il n'avait que cinquante ans, après avoir eu sept enfants avec chacune de ses deux épouses. Sur les quatorze, on peut penser que les six garçons qui ont dépassé les premièrs années (dont notre ancêtre Jean) ont pu perpétuer le patronyme à Fleurie. Mais pour nous Marguerite va en prendre un autre à Trévoux.
Tout étant clair (ou presque) du côté des Grandjean, branche paternelle de Marguerite, passons à la branche maternelle Augay. Elle n'était pas plus ancrée à Fleurie que les Grandjean mais nous disposons d'indices plus précis dans les registres de la commune à partir de 1700 où l'on voit se multiplier des actes relatifs à de jeunes couples d'une famille nouvelle qui, d'après des origines concordants de témoins, avait de fortes attaches dans le village voisin de Vauxrenard. On peut notamment voir se développer la fratrie d'Anne, avec Marie en 1705, puis Jacques en 1708, puis Jeanne en 1711, puis Anne notre ancêtre en 1712 enfin Denis en 1715. Les parents sont Vincent Augay et Claudine Berard, seule Claudine asiste en 1737 au mariage d'Anne, Vincent étant décédé on ne sait quand.

Voilà tout ce que peuvent nous dire les registres paroissiaux de Fleurie : la vie d'une famille dont les parents se nomment Vincent Augay et Claudine Bérard et qui ont 5 enfats entre 1705 et 1715. Anne née en 1712 épousera jean Granjean, ils auront cinq enfants dont Marguerite née en 1746, celle qui viendra à Trévoux épouser Guillaume Bouvan pour une autre histoire.
C'est donc avant 1705 que les parents d'Anne ont eu une vie antérieure. Nous l'avons trouvée à Vaurenard

Les ancêtres de Vauxrenard (Varnaudis) et de Saint-Christophe (Saint-Crétulons)

Vauxrenard jouxte Fleurie. En remontant le temps, le séjour à Vauxrenard commence par la prise de connaissance du couple Augay-Berard lors de son mariage en septembre 1701. Rien n'apparaît tant à Fleurie qu'à Vauxrenard entre cette date et la naissance de Marie en 1705 à Fleurie. Il semble bien que le couple s'y soit installé peu de temps après le mariage, nous avons pu faire cette commune connaissance de leurs enfants, tous fleuriatons.

Les quatre parents sont cités, Claude Augey et Benoite Ducroux d'une part, Thomas Bercat et Françoise Thion d'autre part; partant de là il est possible de reconstituer les fratries respectives, cinq membres pour Claudine et 13 pour Vincent

Bien qu'il soit fait mention d'un Bercat en 1638, il n'est pas sûr que Thomas soit d'une famille de la commune. Il est mort très jeune, l'année de naissance de notre ancêtre Claudine en 1672, elle était la dernière de cinq enfants nés en 9 années, le couple s'était marié dans une autre commune. Les Thion semblent un peu plus répandus à Vauxrenard, mais Françoise aussi n'est pas née dans la commune.Elle s'est remariée très rapidement après le décès de Thomas. Claudine est née en mai, son père décède en août, sa mère se remarie en novembre. On a souvent vue le cas du père devenu veuf après une naissance fatale à la mère, prendre très vite une compagne pour élever sa nombreuse orogéniture. La raison est la même dans ce cas moins fréquent.

Les Augey (écrits Aujey ou Ogey ou autres) sont bien implantés à Vauxrenard, beaucoup d'actes citent ce patronyme, mais chance, il s'agit d'une seule et même famille qui a démarré dans les toutes premières années 1600. Après un registre couvrant 1609 à 1623 de façon bien fragmentaire, de nombreux opuscules ont été numérisés. Avant 1660 peu de versions départementales ont subsisté, celles des communes sont souvent organisées par thèmes suivant l'un des trois types d'actes (B, M et S), pour chaque année avec en plus des regroupements d'années.Il y a ainsi 65 registres rien qu'entre 1650 et 1698. Beaucoup de pages à déchiffrer donc, mais la redondance est utile, elle permet parfois de lever des doutes sur certaines lettres.

Mais que s'est-il passé pour que le même curé (Richier) produisent deux actes de célébration de mariage, à quatre années d'intervalle, pour le premier couple de parents recherché, Claude Augay et Benoiste du Croux? Le premier date de février 1659 le second de mars 1663. Ce qui est certain, c'est que ce mariage était bien "consommé" dès 1659, en témoigne une série de 13 actes de naissances.
L'épouse venant du village voisin de Saint-Christophe la Montagne, il a été nécessaire d'y porter nos sabots. Nous n'avons obtenu que peu d'éléments sur la famille de Benoite à Saint Christophe, les registres démarrant après sa naissance, on sait simplement que ses parents, Claude Ducroux et Catherine Chanel, ont eu trois autres enfants, George, cathelin et Claude.

Par contre le dépouillement du recensement des Augay dans les nombreux registres de Vauxrenard a été d'une grande fertilité. Bien que l'on ne puisse pas aller dans le temps au-delà de la 10ème génération née avant l'existence des registres. Le père de Claude, un autre Vincent, avait un frère et une soeur mais c'est le couple qu'il a formé avec Philiberte Depardon qui sera le principal artisan du développement du patrimoine avec 11 enfants (dont notre ancêtre Claude) apparemment viables, desquels on peut recenser, sans être exhaustifs, plus de 40 Augay formant la 8ème génération. Par contre du côté des Augay c'est une débauche de frères et soeurs, cousins cousines pour cette 8ème génération.

Comme son père, Claude aura été le principal "promoteur" de cette génération, puisque Claude et Benoite auront 13 enfants, eux-mêmes assez prolifiques


Synoptique (et liens en bleu) vers TOUS les actes civils





10ème génération - fratrie de Vincent Augay

9ème génération - fratrie de Claude Augay

9ème génération - fratrie de Benoite Ducroux

9ème génération - Thomas Bercat 1672

9ème génération - Françoise THION - 1638
ép. Thomas Bercat - ép.Ruffin

8ème génération - Fratrie de Vincent Augay

8ème génération - fratrie de Claudine Bercat



Nous pouvons maintenant, dans la Deuxième Partie, pénétrer en territoire des ancêtres de Claudine Manin : Mâconnais à Corcelles-en-Beaujolais, Chaintré, Châsnes d'une part, Monts du Beaujolais à Saint-Igny-de-Vers, Aigueperse d'autre part.




2ème Partie : Claudine Manin épouse Bouvan
de la 5ème à la 11ème génération


On part ici de plus bas, Claudine Manin belle-fille de Marguerite Grandjean est de la 5ème génération. Et on va monter sur la plus haute branche de l'arbre généalogique des Bouvant, avec quatre ancêtres de la 11ème génération à Saint-Igny de Vers.
On connaît par le récit intitulé les Bouvant de l'Ain, l'histoire de Claudine Manin qui a épousé en 1801 Annet Bouvan à Trévoux, la vie de galère menée par le couple qui a eu 12 enfants, le chef de famille était parfois portefaix, tireur d'or ou ... en prison. Elle avait toutefois survécu à son époux, elle devait décéder à Toulon (pourquoi là?) en 1845.
Avant de venir épouser en 1772 Annet Bouvan à Trévoux, Claudine Manin est née et a passé son enfance à Corcelles-en-Beaujolais. La commune n'est pas très connue mais c'est bien un village du "bon" beaujolais, ses voisines limitrophes se nomment Fleurie, Chiroubles et Villié-Morgon, pas mal comme voisinage oenologique.

Corcelles a été pour les Manin une commune de transition avant que le patronyme se fonde en Bouvant à Trévoux, exactement comme cela avait été le cas une génération antérieure avec Fleurie pour les Grandjean. On va découvrir l'histoire très différenciée de ses ascendances paternelle et maternelle et commencer par la première, qui reste dans le Beaujolais et Mâconnais pur jus (de la treille bien sûr). Elle est dominée par deux branches, celle des Manin bien sûr, mais aussi une branche très solide des Laborier.


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a) Ascendance Paternelle Manin
familles alliées Desrues, Laborier, Suchet, Guillard, Giraud

En remontant cette ascendance, on va évoquer la famille qui venait d'être absorbée par les Manin, celle des Desrues, (écriture initiale des Rues) arrivée à Corcelles une trentaine d'années plus tôt, mais nous ne savons pas d'où elle était originaire.

La vie rocambolesque de Catherine Desrues
Malgré les lacunes et les erreurs contenues dans la biographie que l'on est en mesure d'établir à ce jour pour cette ancêtre, il ressort que son existence est digne d'un bon roman feuilleton populaire. Comme je ne suis nullement un accro de la littératue de gare, le titre que je pourrai donner à cet épisode est celui, plus hugolien et bucolique de chansons des rues et des bois. Le nom d'abord. Le patronyme Desrues sera définitivement retenu, bien que les éléments de cette famille se soient vus attribuer toutes les variations possibles en un ou deux mots. Quant à l'orthographe du nom de sa branche maternelle, elle a posé de gros problèmes que l'on va dire résolus par l'attribution de Suchet, après avoir erré dans les méandres de familles au patronyme de Laissieu, biens présentes à Corcelles. Les actes de naissances de Catherine Desrues et des soeurs qui l'ont précédée dans les registres de Corcelles ont en effet conduit à cette fausse piste.

nom de la mère sur les actes de naissance de Jeanne, Marie, Pierrette, Catherine Desrues
Qu'on en juge. Le nom Laissieu apparaît bien sur l'acte de naissance de Catherine, c'est moins évident sur celui de la soeur qui la précède, et plus du tout sur ceux des deux autres enfants. Pour le premier, la mère est Seche mais le père est Ruth! L'abandon du patronyme Laissieu s'imposera par la suite, l'orthographe sera sans ambiguité Suchet sur des actes émanant d'autres curés.

Attribuons cela à la fantaisie ou aux facéties de celui en poste pendant toute cette période (qui signe Souland curé). Au hasard, on en relève une autre à propos de Catherine Suchet. Il rédige en novembre 1704 un acte de mariage où tous les acteurs sont étrangers aux noms qui nous intéressent mais il en rédige un autre deux mois plus tard avec les mêmes partenaires, (ce qui est déjà plus qu'une curiosité) sauf la mère du marié qui est devenue catherine Suchet bien orthographiée, un an avnt de la nommer laissieu. Ce qui est sûr est que les écrits de ce curé (comme nombre de ses confrères!) ne sont pas paroles d'évangile.

Reste l'origine du couple Desrues-Suchet qui fait naître des enfants à Corcelles à partir de 1697. La recherche dans les communes avoisinantes n'est pas terminée car il existe des desrues dans nombre de villages du Haut Beaujolais qui n'ont pourtant pas les moyens démographiques de se payer une voie digne de ce nom. On part donc en 8ème génération pour l'instant, avec nos ancêtres JEAN DESRUES et CATHERINE SUCHET qui ont eu sept enfants à Corcelles :
- 1690 Benoist ép. Françoise PalaisDDDD - 1695 Jean ép. Marie Vachot en 1726 DDD - 1697 Claude
- 1699 Jeanne ép. Joseph GuillotDDDDD - 1701 Marie ép. jean RatDDDDDDDDDDD - 1703 - Pierrette
1706 - CATHERINE - qui épousera successssivement : Philibert Vachot en 1724, Philibert Lacroix en 1727, ANDRÉ MANIN en 1736 enfin Claude Guénat en 1743.
Catherine Suchet va décéder dès 1722, son époux Jean Desrues (le curé écrit Jean Petit dit Desrue) la suivra en mars 1726.
La fratrie de Catherine Desrues va s'éparpiller semble-t-il dans les environs, on en trouvera ainsi des traces à St jean d'Ardières ou à Belleville. Quant à Catherine, elle s'est mariée en 1724, donc très jeune, avec Philibert Vachot originaire de la commune voisine de Saint-Jean d'Ardières où le couple s'installa. Pas pour longtemps car Philibert décède trois mois seulement après leur mariage. Il avait tout juste eu le temps de mettre en route le premier enfant de Catherine qui va naître et décéder en 1725, les deux actes se suivent dans le registre.

A 19 ans Catherine est déjà veuve et a perdu son fils. Elle trouve un compagnon dans la commune de St jean d'Ardières en la personne de Philibert Lacroix, ils s'épousent à Corcelles où Catherine revient habiter. On les y retrouve en 1732 lorsqu'est signalé le décès de Philibert, un enfant que le couple avait eu entretemps. Ils ont un autre enfant, Benoiste en 1735, qui va mourir en octobre 1736. Puis ce sera le décès du père Philibert en mars 1736. En cette année cruciale, un certain André Magnin déplore aussi en ce même mois de mars la mort de son épouse Anne Dubois. Voilà nos deux ancêtres qui se réunissent dans leur malheur trois mois plus tard, en juillet. Avec ce troisième époux, Catherine a trois enfants : JEAN MANIN en 1738 - une fille Jeanne en 1740 et un autre Jean en 1742.

Et puis le sort s'acharne sur les époux de Catherine, notre ancêtre André décède à 39 ans en 1743. Elle ne se décourage pas et va convoler pour la quatrième fois avec Claude Guénat 2 mois plus tard. Qui disait qu'il existait un délai de remariage pour les femmes? Elle aura donc encore trois enfants, Claude en 1744, Claude encore en 1747, enfin Antoinette en 1750. Et elle verra pour la quatrième fois décéder son époux, Claude meurt en 1767 à 55 ans, elle le suivra bientôt deux ans plus tard, elle avait 62 ans.Voici le récapitulatif de ses 4 vies en 21 actes.

Les Manin de Chaintré

La famille de son époux ANDRÉ MANIN est originaire de Chaintré, actuellement sise en Saône-et-Loire. Le nom de Manin n'était toutefois pas inconnu à Corcelles, on rencontre ce patronyme dès les premiers actes conservés, vers 1660. Il est porté par des familles qui n'ont apparemment rien à voir avec la notre. C'est une véritable "tribu" qui a investi Corcelles en provenance de Chaintré, descendants de JEAN MAGNIN (le g a été perdu dans le transport) et de FRANCOISE LABORIER, autre tribu qui restera sur place à Chaintré, commune de vignobles aux portes de Mâcon.

Elle n'a pas de registres très anciens, deux en tout et pour tout. le premier (1672-1699) est très partiel, ne couvrant que l'année 1672 et les années 1693 à 1699. Le second (1700-1738) est beaucoup plus consistant avec 170 vues.
Ce qu'il reste du pemier donne à partir de 1695 le début de la liste des enfants du couple Jean Magnin - Françoise Laborier. Ces ancêtres de la 8ème génération sont nés dans les années 1660. Pour les Magnin, ce sera le début de l'histoire avec Jean dont l'existence se déroulera entièrement à Chaintré. Nous connaissons son année de naissance, 1663 renseignement fourni par son acte de décès en 1727, âgé alors de 63 ans. Françoise et Jean se sont mariés avant 1693, la première naissance étant en 1695.

Françoise Laborier et sa grande famille de Chaintré

Les premiers actes exploitables datent des seules 7 dernières années du 17ème siècle, relatant des naissances d'enfants du couple jean Magnin et Françoise Laborier. Une chance pour celle-ci est que la seule année antérieure qui ait survécu nous fournit le nom de ses parents à leur mariage. Il s'agit d'un acte de 1672 relatant le mariage de Claude Laborier avec Denise Guillard originaire de Chasnes, qui s'avèrent être les parents d'un certain nombre de Laborier dont la fratrie est prouvée dans les actes. La mort de cet ancêtre de 9ème génération est relatée en un acte de l'année 1693.

L'épouse permet de remonter à la 10ème génération, elle existe en effet dans des actes de la commune de Chasnes, voisine de Chaintré et appartenant donc au terroir de vignobles des environs de la ville de Mâcon. Là aussi des données très fragmentaires couvrant les seules années 1632 à 1639 identifient deux soeurs de Denise mais le nom de leurs parents sont difficiles à décrypter, nous dirons que ces deux ancêtres chânois de la 11ème génération se nomment Claude Guillard et Magdelene Dumont.

La fratrie Laborier de 8ème génération peut donc être décrite
L'orhographe du nom s'impose comme Laborier, qui est sans ambiguîté celle des premiers actes, puis à partir des années 1740. Celle rencontrée dans de nombreux actes produits pendant deux décennies avec Labourier relève de l'acharnement du curé en poste en cette période. Accroché à sa charrue, il n'en démordait pas, malgré les signatures innombrables et d'une netteté typographique remarquable de jean Laborier qui était requis dans d'innombrables actes de la commune.

Les enfants de Jean Magnin et Françoise Laborier


Parcours d'André Magnin



Après son mariage à Chaintré avec Anne Dubois le 23 janvier 1730 deux enfants naissent dans cette commune : La famille d'André Magnin emménage à Corcelles-en-Beaujolais, où elle va s'étoffer
C'est alors qu'Anne Dubois qui est prénommée maintenant Jeanne, décède en mars 1736. André trouve ainsi que nous l'avons vu l'âme soeur en la personne de Catherine Desrues qu'il épouse le 17 juillet. André a eu huit enfants avec deux épouses, il meurt alors qu'il n'a que 39 ans le 17 février 1743.

Nous sommes dans la 6ème génération, Jean Manin va quitter Corcelles, il "absorbe" la branche des Audet elle-même assemblage d'un grand nombre de familles venant de Saint-Igny-de-Vers et d'Aigueperse pour aller vivre à Trévoux où naîtra Claudine née Manin, épouse Bouvan.

Branche paternelle de Claudine Audet décrite dans l'ordre chronologique

11ème génération : Jehan Audet-Pierrette Gautier - Pierre Fayard-Claudine Dumontjoux

Un seul document très ancien a survécu à Saint-Igny-de-Vers, celui des mariages de l'année 1609, deux pages pour quatre mariages, avec une chance pour nous, l'un d'eux nous concerne. C'est celui de Jehan Audet et Pierrette Gautier, nos ancêtres de la onzième génération. Ce document vénérable relate donc le plus ancien acte relevé dans toute la généalogie des Bouvant.

Mieux encore : les curés ayant pour habitude de se "couvrir" en donnant l'identité du père de la jeune épousée dont la seule présence ne leur était pas suffisante alors qu'elle l'était pour le garçon, il nous apprend ainsi que le père de Pierrette est le défunt Claude Gautier dit faiard. C'est le seul ancêtre de 12ème génération identifiée dans le demi-millier d'ancêtres retrouvés. Une parenthèse : les noms sont très souvent accompagnés d'un "dit" peut-être en référence au lieu de résidence ou la profession. Notre dit faiard n'est peut-être pas Dieu le père, il est cependant pour nous et de loin l'ancêtre le plus vénérable, à deux générations d'écart avec les patriarches des autres branches.

Une particularité de celle-ci est que ses génératiions sont plus courtes (mariages plus précoces) les autres ancêtres nés dans les mêmes années sont de la 10ème génération. De plus nous avons un acte authentique, avec année, mois et jour alors que la date de naissance ne peut la plupart du temps qu'être évaluée à ce niveau générationnel. C'est le cas des compères de Jehan et Pierrette (leur fils a épousé leur fille) qui se nomment Pierre Fayard et Claudie Dumontjoux, connus par l'acte de naissance de leur premier enfant en 1635, ils donc nés autour de 1610.

10ème génération Claude Audet-Pierrete fayard / Pierre Desfeuilles-Jane Audet / Denis de la Mure-X / Jehan de la Mure-Anthoinette Giraud






La branche paternelle de Claudine Audet est complète à ce niveau. On va donc trouver ici : Les couples cités sont connus par le mariage de leurs enfants tels que nous les avons découverts en remontant dans les regsitres paroissiaux. Une épouse manque à l'appel, le curé, pour certains mariages et systématiquement pour les naissances, estimait en effet que le seul nom du père suffisait. Attention aux homonymes, cousins plus ou moins proches.

Les naissances ont eu lieu vers 1630-1640, le seul décès retrouvé est celui de Claude Audet, en 1685.






la 9ème génération
8ème génération Jean Audet - Jeanne de la Mure

Branche maternelle de Claudine Audet à Aigueperse





10ème génération

PIERRE DEBORDE et BENOITE TULIN, ce sont les noms du seul couple d'ancêtres connu pour cette génération, grâce au mariage de leur fils en 1622. Ces ancêtres de la branche aiguepersironne sont nés au 16ème siècle, ils sont contemporains de la 12ème génération saint-ignonne. Statistiquement, on se marie plus tard à Aigueperse qu'à St-Igny.
9ème génération
les quatre ancêtres de cette branche :
8ème génération
7ème génération
on récupère ici le final de la branche Audet avec les enfants de Jean Audet et Jeanne Lamure qui vivent à Saint-Igny les enfants de Claude Deborde et Jeanne Crozier à Aigueperse
Berthe née en 1703DDDDDDDBenoit en 1704DDDDDDDBenoist en 1712
Denis en 1716DDDDDDDClaudine en 1718 décède après 3 mois.
Anthoine en 1719
PIERRETTE DEBORDE en 1721

6ème génération jonction des branches Audet et Manin
Jean-Marie Audet et Pierrette Deborde se sont mariés le 4 février 1742 à Saint-Igny, ils ont 21 ans (le curé en ajoute un au garçon, en retranche 1 à la fille qui doit être plus jeune). S'ensuivront à Saint-Igny : Les deux grandes parties de ce récit vont à leur tour se joindre pour former la génération suivante. Claudine devenue Manin par son mariage avec Jean, aura une fille à Trévoux, Claudine qui abandonnera à son tour le patronyme des Manin pour devenir Bouvan. Ceci est une autre histoire.







Ancêtres de Marie Bernard en Bresse Bressane
Les différentes Bresse



Le nom de Bresse recouvre un vaste territoire, nous dirons un "pays" au sens des 420 pays que le découpage napoléonien en départements a malmenés voire effacés.

La Bresse est limitée à l'est par les contreforts des monts du Jura, à l'ouest par la plaine châlonnaise et mâconnaise que borde la Saône du nord au sud. Elle est très allongée puisqu'elle part, au sud, de la Dombes, à peu près à hauteur de Villefranche, pour s'arrêter au nord à la rivière du Doubs, presqu'à hauteur de Dôle.

C'est cependant un ensemble cohérent, vieille terre de labours et d'élevage, mais aussi (et surtout?) du fameux poulet de Bresse. Du nord au sud elle prend plusieurs appellations: châlonnaise, jurassienne, louhannaise, enfin bressanne qui est la plus vaste.

C'est celle-ci qui nous intéresse dans ce récit concernant les ancêtres de Marie Bernard, arrière grand-mère, épouse de Claude Eugène Bouvant, maître de relais de diligences à Saint André de Corcy en fin du 19ème siècle.

C'est un terroir très riche en ancêtres, on en a retrouvé 74, portant 21 patronymes différents. L'arbre d'ascendance simplifié de Marie Bernard permet de voir comment ils se répartissent. Les plus élevés dans la hiérarchie de chaque branche n'ont pas été reportés. Figurent simplement leur nombre (A) et celui des patronymes (P) qui n'apparaisssent plus dans les générations suivantes. Tout ceci dans 12 communes proches entre elles.

On va donc tous les passer en revue dans les récits référencés A, B, C et D pour chacune des quatre branches établies pour une meilleure compréhension.

Les quatre récits pourront être ainsi consultés de façon autonome grâce aux invitations à voir ci-dessous. Ce seront :

-D- Marie BERNARD, ses parents et grands parents
accès aux informations connues en cliquant sur l'étiquette de l'ancêtre


Marie Bernard est l'une des quatre ancêtres de la 3ème génération, c'est l'aïeule de l'Ain, mère du grand-père Jules, elle amène l'arbre au coeur du 20ème siècle. Les deux récits des Bernard et des Chanel se terminent lorsque les représentants de la 5ème génération, respectivement Denis et Marie, se sont rencontrés. Celui des Billard et Curey se clot aussi en 5ème génération sur le rapprochement de leurs deux patronymes aux relents ecclésiastiques grâce à Etienne Joseph Billard et Marie Rose Curey. Parmi les enfants de 4ème génération de ces deux couples, une fille de l'un et un fils de l'autre deviendront les parents de Marie. Il est de la plus élémentaire courtoisie de s'intéresser aux deux fratries avant d'en extraire nos deux arrière arrière grand parents.

la 4ème génération : les 2 fratries denses des Bernard et des Billard
Et d'abord les enfants de Denis Bernard et de Marie Chanel mariés le 18 septembre 1804 à Etrez qui fait partie du groupe de communes fief des Bernard, voisines de Montrevel. Denis execrçait la profession de maître taillandier (c'est un forgeron qui fabrique et répare les outils agricoles), il était le deuxième de sa lignée à pouvoir vivre d'autre chose que du travail sur la terre, son père ayant été sur le tard cabaretier et marguillier. Né à Etrez en 1782 il meurt à 60 ans à Cras-sur-Reyssouze où il s'est installé avec sa famille. Son épouse Marie Chanel, originaire de Cras où elle est née en 1784, est héritière du nom de l'une des deux branches distinctes ayant porté ce patronyme; elle est encore déclarée agricultrice lors de son décès en 1863, activité qu'elle avait donc gardée ou reprise sur le tard puisque son époux est décédé plus de vingt années avant elle. Auparavant elle n'avait certainement pas pu passer beaucoup de temps dans les champs car elle a eu 15 enfants! Les voici : Riche fratrie mais complètement décimée par les maladies infantiles pour 6 d'entre eux, 2 ne dépassent pas 30 ans. Sans nouvelles de quatre autres il n'est pas sûr que ce soit une bonne nouvelle. Et trois seulement dont on est assuré qu'ils ont fait carrière.

Qu'en était-il des Billard?
Etienne est né dans les Terres Froides du Dauphiné, son histoire est contée par ailleurs mais, fils de Jean Thévenet curé de Biol, cela explique qu'il ait mis de la distance entre lui et ce lieu dès qu'il a pu. Avant de se marier à Chavannes en 1803 à 23 ans, il était à Jasseron (canton de Ceyzeriat), il est alors noté comme tisserand, mais à partir de 1810 tous les actes le diront cultivateur. Son épouse Marie-Rose est née à Chavannes où son père Etienne Joseph Curey est tailleur, elle a 23 ans. Naîtront : Etienne Billard et Marie Rose Curey vont quitter Chavannes et la Bresse bressane pour s'installer dans la Dombes à Trévoux. Etienne va décéder dans la commune mitoyenne de Saint-Didier-de-Formans en décembre 1850. Il est alors déclaré comme vigneron, après avoir été tisserand puis agriculteur à Chavannes. Et pour clore l'histoire du fils du curé de Biol du Dauphiné, son identité est effacée dans son acte de décès, on le fait naître 3 ans plus tôt à Chavannes de père et mère inconnu, tout est faux!
la 4ème génération a vu l'union des Bernard et des Billard

Antoine Marie est né à Cras-sur-Reyssouze, Marie Julie qui préfèrera se faire appeler Judith est de Chavannes-sur-Suran. Née en 1819 elle a 5 ans de moins que son époux. Parmi les nombreux trous dans leur emploi du temps, certains ont pu être comblés, il en reste encore. A commencer par les circonstances de leur rencontre et de leur mariage, dont on ignore le lieu et la date.

Leur vie commune commence pour nous à la naissance de notre aïeule Marie, vraisemblablement l'aînée de la famille car sa mère n'avait que 18 ans! Marie naît dans le petit village de Savigneux proche de Trévoux. Ce qu'il faut préciser de suite est qu'Antoine Marie étant instituteur, la famille a navigué dans diverses communes de la région. Et qui explique pourquoi on les perd de vue sans crier gare. Le service public de l'éducation nationale ne garde pas trace des mutations et des postes occupés par ses instituteurs.

Heureusement la République a mis à notre disposition les recensements de la population de chaque commune établis tous les 5 ans à partir de 1836. Ce qui nous a été précieux. On peut par exemple déceler, par la composition de la famille, s'il y a eu une nouvelle naissance, encore faut-il deviner où celle-ci a pu avoir lieu, les changements de poste semblaient fréquents.

On retire l'impression que notre aïeul Antoine Marie était instable (ce qui est vrai en tout cas au sens propre du mot) et de santé fragile, étant parfois absent lors de la naissance d'un enfant, impression validée par son décès bien trop rapide. Il est en effet mort à 40 ans à Cras, certainement des suites d'une maladie que l'on peut imaginer chronique, chez sa mère Marie Chanel, qui avait déjà eu malheureusement à accueillr chez elle certains de ses petits enfants sur le point de décéder (aussi) de maladie.

L'épouse Judith devait assumer en exerçant dès avant le décès de son mari la profession de sage-femme. La dénomination de cette activité était relativement récente, après avoir reçu des appellations diverses, accoucheuse bien sûr mais souvent femme patronne, femme mère puis femme sage. Toujours est-il qu'après le décès d'Antoine Marie en 1854 à 40 ans, Judith exerça à plein temps sa profession. Le couple avait eu 6 enfants. Les six enfants portaient tous le prénom de Marie, comme leurs parents, en premier pour les filles, en second pour les garçons.

L'existence difficile et nomade des PARENTS de MARIE BERNARD
Visites des deux villages
DDDDDDD
Les actes d'état civil et les recensements, seules pièces permettant de localiser les personnes, montrent qu'Antoine Marie a été instituteur débutant dans le village de Savigneux dans l'Ain près de Trévoux avant 1840, puis à Frontenas en 1841, commune du département du Rhône proche de Villefranche-sur-Saône, la famille avait alors deux enfants, les deux Marie.

Dix années plus tard on la retrouve encore à Frontenas, la composition du foyer a évolué, notre aïeule Marie a 12 ans, il y a une autre fille de 5 ans appelée Eugénie, il s'agit d'un premier avatar de Marie Françoise Félicitée née en 1846. On savait que les deux Antoine Marie étaient nés et mort presqu'aussitôt, mais la deuxième Marie née en 1839 manque à l'appel, certainement décédée dans l'intervalle.

Après cela un "exil" aux extrémités sud ouest du Rhône, dans le très petit village de Souzy l'Argentière où naissent deux enfants. A la naissance du dernier en novembre 1853, Antoine Marie certainement malade était parti à Cras chez sa mère, à 150 km de là, pour y décéder en janvier 1854, il n'avait que 40 ans. On a l'explication des responsabilités qu'a dû assumer alors notre arrière grand mère Marie devenue à 16 ans soutien de famille.

Notre aïeule Judith se trouve veuve à 35 ans. Elle exerçait déjà depuis plusieurs années l'activité d'accoucheuse. Elle est revenue à Frontenas où elle avait conservé certaines relations. Elle a épousé l'une d'entre elles, elle se marie en effet l'année même de son veuvage en novembre 1854 avec Antoine Champard qui est natif de la commune de Theizé où ils vont résider ensemble. Né en 1807 il était lui-même veuf de Marguerite Damiron décédée en 1845. Le père de Judith, Etienne Billard, est mentionné comme étant décédé en 1850 à Saintt Didier de Formas.

Son nouveau foyer abrite les 3 enfants survivants. Pas pour longtemps car l'aînée Marie n'est plus présente en 1856, elle travaille comme vendeuse à quelques kilomètres de là, à Villefranche. En 1756, sa soeur se fera appeler Jeanne, puis Jenny en 1861, prénom qu'elle gardera lorsqu'elle sera devenue la tante Chavany. Son frère Benoit est devenu Antoine puis Marius en 1861 pour se retrouver Benoit Marie seulement en 1913, sur son acte de décès. Quant à Judith, elle deviendra sur l'acte de 1893 mentionnant avec une splendide calligraphie son décès à 79 ans, Marie Judith Emilie.

Elle avait perdu son second époux quelques années après leur mariage. Elle a vécu alors avec Benoit "Marius" devenu marchand épicier et son épouse Jeanne Françoise Perrin; leur seule fille née en 1879 est décédée en 1889. A la mort de "Marius" le patronyme Billard créé de toute pièce pour garder l'anonymat du curé dauphinois va donc s'effacer de notre arbre.

L'existence de Marie Bernard

Le récit précédent montre pourquoi Marie s'est émancipée très jeune. On peut imaginer que c'est en allant faire ses courses à la "ville" de Villefranche qu'un veloutier de Trévoux se nommant Claude Eugène Bouvant a su séduire la jeune vendeuse du magasin. L'histoire du couple et de ses descendants est la trame de la fin du récit des Bouvant de l'Ain et la totalité de celui des Bouvant du Var.
Marie doit avoir une grande place ici, d'abord parce qu'elle arrive en fin de boucles d'un grand nombe de récits plus ou moins documentés sur ces nombreuses familles bressanes dont le mode de vie est l'archétype de la France profonde jusqu'à la révolution industrielle.

Et aussi pour lui donner une place que les moeurs de son temps ou plus exactement les humeurs de son époux ne lui avaient me semble-t-il pas accordée, j'en ai eu la révélation par un acte notarié produit à l'occasion du mariage de leur fils aîné Jules.

Déjà, dans son propre acte de mariage dont les termes redondants sont d'un formalisme administratif ridicule, il est longuement fait état par l'officier d'état civil d'une erreur minime faite sur la copie de l'acte de naissance de son père décédé, un de ses prénoms étant erroné, il prend tous les présents à témoin, y compris la mère présente dont il reproduit sans sourciller son prénom fantaisiste. Il ne la fait pas signer alors que son consentement est obligatoire!
Dans cet acte il faut noter par contre la belle signature, prénom et nom, de Marie, ce qui nous amène à l'acte notarié incriminé. Elle joue en effet dans celui-ci le rôle de la mère qui doit donner son consentement au mariage de son fils auquel les parents n'assistent pas. Mais on ne voit plus sa belle signature, elle écrit à la place "Femme Bouvant" ce qu'elle doit confirmer dans le paraphe en marge pour approuver une correction du texte, en inscrivant "F B" pour ses initiales !


Le notaire avait bien écrit dans le corps du texte "ont comparu Eugène Bouvant, avec lui et sous son autorité expresse, Marie Bernard son épouse". Le mari était peut être caractériel, mais les termes laissent rêveur quand ils sont dans un document écrit par un notaire. Cet ancêtre avait une "femme" bien loin de la connotation femen.

Elle a du vivre sous l'expresse autorité de son époux devenu maître de diligence à Saint André de Corcy, elle avait toutefois une aide à la maison en la personne de la nourrice Clémentine à la naissance d'Eugénie en 1876. Notre arrière grand mère semble alors avoir acquis une personnalité qui se traduit dans les termes par lesquels elle se présente. Elle est ainsi "cafetière" car c'est certainement elle qui faisait tourner la boutique en laissant à l'époux exercer ses rotomontades. Et puis elle a ressorti une vieille manie de famille héritée de sa mère, elle ne s'appellle plus marie, mais soit Mariette, soit Mie(?) Catherine.

Dispersion des enfants de Marie Bernard

De suite après le décès de Claude Eugène en 1896, les 3 garçons étaient tous partis, elle en fit de même avec la dernière qui avait 20 ans, elles allèrent à Lyon où les deux plus jeunes garçons étaient partis vivre, à deux heures de diligence. Hormis des souvenirs plus ou moins agréables, il n'y avait en effet aucune raison de rester dans la morne commune de St André de Corcy.

On trouvera d'autres informations sur la famille de SaintAndré de Corcy dans le récit sur les Bouvant de l'Ain ainsi que dans une histoire spécifique centrée sur la fratrie du grand-père Jules fils aîné de Marie

Il reste un chapitre que j'aurai souhaité rédiger, celui de sa vie après le départ de ses enfants et la mort de Claude Eugène en 1896 à St André de Corcy. On a lu qu'elle avait vécu quelque temps avec l'un de ses fils à Lyon. Pour l'heure on ne connaît que la date du décès de Marie, 1919, simple indication donnée par l'épouse Olinde de son petit fils Eugène dans son livre de souvenirs.

Branche C les Billard et leurs alliés accès aux informations connues en cliquant sur l'étiquette de l'ancêtre


Sous ce patronyme quelque peu usurpé, on expliquera pourquoi, ont été regroupées des familles provenant pour la plupart de Chavannes-sur-Suran, commune de la Bresse bressane située aux confins de l'Ain, du Jura et de la Saône-et-Loire. Les autres lieux d'origines sont limités et gardent une grande partie de leurs mystères. C'est Montrevel-en-Bresse par manque de registres.

Et surtout deux origines géographiquement assez éloignées curieusement pour la même cause, celle de deux lignées qui ont voulu oublier le pays de leur ancêtre dont on ne pouvait faire état car il était curé de la commune, en Dauphiné d'une part, dans un autre Montrevel, et dans le Jura appartenant à la Haute Bresse, commune de Nance. Ainsi nous héritons de deux branches de notre arbre généalogique qui portent des noms d'emprunt, faute de pouvoir afficher celui de l'écclésiastique qui en est à l'origine. Sous le nom de "Ces curés qui étaient aussi nos aïeux" on en trouvera le récit.


Billard vient du Dauphiné

Ce récit donne l'origine de ce patronyme qui a absorbé un certain nombre d'autres à Chavannes-sur-Suran. Disons pour résumer qu'ETIENNE BILLARD venu s'installer à Chavannes était né à Montrevel, un village du Dauphiné sis dans le pays dit des Terres Froides entre Lyon et Grenoble.

Son père JEAN THEVENET étant le curé de la commune ainsi que le précise l'acte rédigé par le curé de la commune voisine Biot, où résidait sa mère, on lui a donné le nom de jeune fille de celle-ci. Elle-même était fille de PIERRE RIPEL et MARIE BILLARD qui sont donc deux ancêtres ayant vécu en ce pays dauphinois.

Si elle est mentionnée dans l'arbre généalogique sous le nom d'ELIZABETH YLARD, la raison doit en être qu'elle ne pouvait avoir le même patronyme que son fils dans les actes paroissiaux d'état civil.


Nous devrons en rester à la 6ème génération pour notre ancêtre curé à l’ascendance non communiquée.

Celle d’Elizabeth vivait au coeur du Dauphiné.

Biot et Montrevel, communes voisines, sont dans le pays dit des Terres froides, proches de la Côte St-André et maintenant traversées par l’autoroute Lyon-Grenoble.

C’est le pays des ancêtres paternels d’Elizabeth : parents Pierre Ripel et Marie Billard, grand-père paternel Guillaume Ripel Michellet, arrières grands parents Thomas Ripel et Marguerite Thoron.

Ascendances de Montrevel aussi por sa grand-mère paternelle Sébastienne Marpaud mais si elle est née dans l’actuel département de Savoie, il faut préciser que sa ville natale Saint-Genis-sur-Guiers, est à la limite de l’Isère et de l’Ain.
En considération de cet aspect strictement administratif , nous relevons ainsi que deux ancêtres étaient Savoyards.





Ascendance de Judith :
Les Curey du Jura et les Blanc de Chavannes
Remontons cette branche jusqu'à la 9ème génération>br>
A ce niveau nous ne disposons que du nom de deux ancêtres : JEAN-CLAUDE BLANC et JEAN VOITURIER ayant vécu à Chavannes-sur-Suran entre 1620 et 1700, le deuxième étant décédé en 1697.

8 patronymes pour 8 ancêtres de la 8ème génaration
On a retrouvé la trace de deux habitants d'un petit village acttuellement dans le Jura, mais qui appartient à la Bresse Jurassienne de Saône et Loire, mitoyen de villages (Frangy et Bosjean) berceaux d'autres membres totalement disjoints des présents. Il s'agit de Denis Curé et Claudine Boudet. Leur mariage a été célébré dans la commune le 28 janvier 1692. Elle est d'une famille bien implantée à Nance, les actes mentionnent souvent ce patronyme. Quant à celui de Denis, l'acent aigu inexistant dans les noms de famille, donne le nom de l'activité de ses aïeux proches à défaut de dévoiler sa véritable identité.
- DENIS CURÉ et CLAUDINE BOUDET à Nance (Jura aujourdhui)

Tous les autres ancêtres sont de Chavannes-sur-Suran:
- CLAUDE BLANCDDDD et CHRISTINE DESPRES
- CLAUDE BLANC DDDet HÉLÈNE BOUCHARD son épouse
- JEAN VOITURIERDDDDDD et MARIE GABET

En 7ème génération, 6 ancêtres avec 6 patronymes
Les quatre fratries créées par les quatre couples de la génération précédente auxquelles viendront se joindre deux ancêtres sans antécédents connus :
Les enfants de Denis Curé et Claudine Boudet :
- Catherine née en 1693DDDDDD - Philippe en 1695DDDDDD
- Claude en 1697DDD - Pierre en 1699DD - Noé en 1701
- FERDINAND CURÉ né le 3/05/1703 à Nance en Bourgogne au service du comte de Chavannes, marié en 1735 avec Marie Blanc

les enfants de Claude Blanc et Christine Despres :
- CLAUDINE MARIE BLANC née en 1700 à Chavannes, épouse de Ferdinand Curé en 1735 décédée en 1774
- Geneviève née en 1702 DDDDDD
- Antoine né en 1703DDDDDD - Claude né en 1705

Les enfants de Claude Blanc et Hélène Bouchard :
- Clauda Marie 1694DDDDDD - Jean-Claude 1696DDDDDD
- Pierre 1698DDDDDD - Jean-Joseph 1700
- Marie 1703DDDDDD - Benoite 1706DDDDDD - Marie Magdeleine 1709DDDDDD - Françoise 1711DDDDDD
- JEAN GASPARD BLANC né en 1714 épouse Marie Voiturier en 1744

les enfants de Jean Voiturier et Marie Gabet :
- MARIE VOITURIER née en 1708 à Chavannes

- Pierre RIPEL habitant Montrevel en IsèreDDDDDD - MARIE BILLARD son épouse
6ème génération 4 ancêtres en 3 fratries et un célibataire
les enfants de Ferdinand Curé et Claudine Marie Blanc :
- ETIENNE JOSEPH CURÉ né en 1737 à Chavannes épouse en 1774 l'homonyme exact de sa mère Claudine Marie Blanc.
- Susanne née le 24 janvier 1742 est décédée le 17 mai
- Benoit François né en 1743
les enfants de Jean Gaspard Blanc et Marie Voiturier :
- Barthélemy né en 1745DDDDDD - Pierre né et décédé dans sa remière semaine en 1746
- CLAUDINE MARIE BLANC née en 1747, nom identique à celui de sa belle-mère
- Catherine née en 1752
les enfants de Pierre Ripel et Marie Billard :
- Sébastienne née en 1727DDDDDD - Marie Jeanne en 1732DDDDDD - Anne née en 1738, décédée en 1776
- Marguerite née en 1740
- ELIZABETH RIPERT alias BILLARD alias YLARD née en 1743 à Montrevel d'Isère
- JEAN THEVENET curé de Biol en Isère

5ème génération fusion des patronymes des curés
Les fratries sont réduites à leur plus simple expression :
- ETIENNE BILLARD seul fils connu de Jean Thévenet et de Elizabeth Billard, né à Montrevel d'Isère. Il est tailleur
- MARIE-ROSE CUREY née en 1780 fille d'Etienne Joseph Curé et Claudine Marie Blanc
La dernière descendante du Curé du nord dont le père a eu la bonne idée de troquer à l'occasion de son mariage, l'accent aigu du nom par "ey" plus acceptable, s'unit en 1803 au fils du curé du sud dauphinois.

Branche - A - les Bernard et leurs alliés

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Tous les Bernard et leurs alliés vécurent dans six communes groupées au nord de Bourg-en-Bresse : Montrevel, Cormoz, Foissiat, Malafretaz, Etrez et Saint-Martin-le-Châtel. Le berceau des Bernard et de la première branche alliée, les Branchi, évolue dans les deux communes voisines de Malafretaz et Foissiat.
Le seul ancêtre connu de la 10ème génération se nomme JACQUES BRANCHI. Son nom est cité comme témoin dans les premiers actes disponibles de la commune de Malafretaz, à partir de 1669. Il y est décédé en 1681. L'acte précise qu'il est le beau-père de Pierre Bernard, qu'un document de 1671 présentait en effet comme l'époux d'une denise Branchi.

La 9ème génération.

On a retrouvé 12 ancêtres sur les 16 possibles. Tous ces ancêtres sont nés aux alentours de 1630-1640 et ont vécu dans les cinq communes citées.

la 8ème génération

On a d'une part les ancêtres descendants de chacun des six couples précédents :
la 7ème génération
la 6ème génération
Donnons ici des détails sur les deux générations suivantes de Bernard riches en évènements


la 5ème génération



C'est Denis de cette 5ème génération, qui va allier la branche des Chanel en épousant Marie en 1804

Cette branche bernard dont les différents familles ont vécu en un espace groupé de 5 communes. On le trouve à Malafretraz, petit village par la taille et le nombre d'habitants (très récemment, depuis les années 1980, sa population a doublé, passant de 500 à plus de 1000 habitants alors que depuis deux siècles elle était très stable sans subir les chocs habituels guerre 14-18 et exode rural)


Branche B les Chanel et leurs alliés

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On a donné le nom de Chanel à cette branche parce que Marie en a été le dernier maillon, mais l'arbre ci-dessus montre l'importance quantitative des branches Adam et Blanc.

Nous sommes toujours dans le même secteur au coeur de la Bresse bressane au nord de Bourg-en-Bresse, un peu plus à l'est mais mitoyen du secteur de la branche des Bernard, un village est d'ailleurs commun aux deux, c'est Malafretaz. 44 ancêtres dans ce tout petit secteur de 8 communes dont 16 sont originaires de Cras-sur-Reyssouze, 6 de Marsonnas, 4 de Bény, 7 de Marboz, 5 de Coligny, 3 de Malafretaz, 2 de St Etienne du Bois et 1 de Viriat.

11ème génération 11 ancêtres au patronyme inédit

Etonnant de disposer dans les registres l'identité de onze ancêtres dans ces contrées de Bresse dont le produit phare, la poule au pot, était mis à l'honneur par le souverain de l'époque qui était Henri IV.
- NOEL ADAM et JEANNE RIGOLLET à Cras-sur-Reyssouse
- THAURIN LACHAUD et FRANCOISE PEINOD à Coligny
- TIBAU BLANC et BENOIST PINET à Marboz épouse non connue
- CLAUDE MOREL et BENOISTE LAURENT à Cras-sur-Reyssouse
- DESIRE JOLY et BENOISTE VIEUX de Marsonnas

10ème génération 14 ancêtres et 7 patronymes nouveaux

9ème génération : 8 ancêtres et 8 patronymes (dont trois nouveaux)

Citons d'abord le fils Adam et l'épouse qu'il s'est chosie.
+ ANTOINE ADAM fils d'Antoine, gent de labeur de Cras
+ MARIE FAVIER son épouse, de la même commune

Ensuite le couple qui par son mariage le 19 novembre 1697 nous a révélé l'identité de leurs parents respectifs.
+ CLAUDE CHANEL, fils de Pierre Chanel et X. Thonon, aussi gent de labeur mais à Bény, né en 1662, il y meurt jeune en 1704.
+ MARIE PITRE fille de Barthélemy Pitre et (Y) Vuillet, née en 1672 à Bény

Le couple suivant faisant irruption dans notre arbre à la 8ème génération est issu de Marboz.
+ BENOIT BLANC
+ MARIE MONNIER

Enfin les enfants des deux "célibataires" de la génération précédente dont le nom est cité dans leur mariage de 1701 à Cras :
+ ANTOINE MOREL fils de Claude Morel, né en 1680 à Cras,
+ MARIE NY fille de Antoine Ny, née en 1679 à Marsonnas

8ème génération : 4 ancêtres pour 4 patronymes
Les enfants d'Antoine Adam et de Marie Favier :
+ BENOIT ADAM naît le 6 octobre 1702 à Cras, épouse Jeanne Chanel à Cras en 1727
- Clauda née en 1705 à Cras
- Claude Joseph né en 1706 jumeau, n'a vécu que deux jours
- Antoine né en 1706 jumeau, n'a vécu que deux jours

Les enfants de Claude Chanel et de Marie Pitre :
+ JEANNE CHANEL naît en 1699 à Blény épouse de Benoit Adam
- Claude François nait en 1702
- Marie en 1704

+ CLAUDE BLANC fils de Benoit Blanc et de Marie Monnier naît à Marboz en 1698
+ CLAUDINE MOREL fille d'Antoine Morel et de Marie Ny, née en 1705 à Cras, elle épouse Claude Blanc à 15 ans son père décédé, elle est authorisée par le frère de sa mère.

7ème génération : 4 ancêtres avec 4 patronymes, dont deux nouveaux
Il y a d'abord les patronymes Adam et Blanc survivants de la génération précédente :
Les enfants de Benoit Adam et Jeanne Chanel
- François né en 1728
+ CLAUDE JOSEPH ADAM né en 1729 épouse Marie Chanel (1748)puis Marie Rollet (1750), Anne Marie Blanc (1755)
voir le tiré à part de cette histoire un peu compliquée.
- Denis né en 1730

-Les enfants de Claude Blanc et Claudine Morel
- Denys en février 1722 à Marboz ne vit que deux mois
- Benoit 1724
- Etienne 1727
- Pierre 1728
- Claude Louis1732 décède à 11 mois
- Anne 1732 décède aussi à 11 mois, épidémie dans le village
+ ANNE MARIE BLANC nait en 1735
- Marie en 1736

Deux représentants de nouvelles familles montent dans notre arbre, ils viennent de Malafretaz
+ JEAN CHANEL, laboureur fermier de Malafretaz
+ MARIE CHEVRIER, son épouse, aussi de Malafretaz

6ème génération : les deux finalistes
les enfants de Claude Joseph Adam et Anne Marie Blanc :
- Jeanne Marie née en 1756
- Marie née en 1757 morte en 1759
- Claudine en 1758
+ ANNE MARIE ADAM née en 1762 à Cras dernière Adam en épousant Denis Chanel en 1780, elle a 18 ans.
C'est finalement le dernier arrivé qui l'emportera en donnant son nom à cette branche + DENIS JOSEPH CHANEL fils de Jean Chanel et Marie Chevrier, né à Malafretaz en 1754, lorsqu'il épouse dans cette commune Anne Marie Adam

5ème génération : Chanel rejoint Bernard
Deux enfants de Denis Joseph et Anne Marie :
- Joseph Marie né en 1782 à Malafretaz
+ MARIE CHANEL née en 1784 à Cras pays de sa mère où ses parents s'étaient installés.
La dominance Chanel n'aura duré qu'une génération, la fille de Denis Joseph Chanel et Marie Jeanne Adam deviendra Bernard en allant épouser à Etrez Denis Bernard en 1804 ce que l'on verra de plus près dans le récit consacré à sa fille Marie.

Boudiéu! que vènt t'a boufa bualho jaunigi?

Jules François Bouvant quitte sa Dombes pour s'établir dans le Var



C'est la question que devaient se poser les indigènes du centre Var en voyant débarquer mon grand-père autour des années 1880, homme certainement à l'accent pointu voire nasillard que je suis dans la plus complète incapacité de vous décrire, car je ne l'ai jamais vu, pas même en photo.

Cent vingt ans plus tard, je me pose encore la question, en français cette fois. Quel vent a poussé ce ventre jaune (c'est ainsi que se nomment les habitants de la Bresse, pays de poulets, pas ceux des PV, ceux qui se dégustent à la crème) à venir en pays des Maures?

Pour ce qui est de la couleur des abdomens et de la Bresse, se reporter à l'épisode consacré aux ancêtres Bouvant ayant peuplé cette contrée nordique. Il suffit de savoir pour l'instant que la Dombes et la Bresse se situent dans le département de l'Ain que tout le monde connaît bien car il est le premier en France (si on se contente de l'ordre alphabétique).

La question des origines de Jules Bouvant n'est en effet pas de mise dans cet épisode qui ne s'intéresse, ce qui est déjà pas mal, qu'à la constitution d'une tribu de Bouvant en pays varois. Il n'y avait jamais eu auparavant, sur ce territoire, d'individu portant ce patronyme.

Né en 1864 à Trévoux, il a dès le service militaire accompli abandonné St André de Corcy où son père faisait relais de diligence. Aîné de la famille, il est assez transparent qu'il a souhaité mettre le plus de distance entre elle (son père plus spécialement) et lui. Il émigre donc en 1884.

Quand et comment est-il arrivé en cet endroit? Pas par l'autoroute bien sûr, car les discussions sur son tracé avaient à peine débuté, le projet soulevant un tollé de protestations de la part des éleveurs de poulets dont vous connaissez le besoin physiologique de traverser toute voie de circulation, ce qui n'est plus possible avec des autoroutes barricadées. Quelques dizaines d'années plus tard, des routes, encore simples mais mauvaises, ont été construites pour les premières automobiles pétaradantes, ce qui a permis à mon grand-père devenu pilote chevronné de tels engins, de massacrer quelques poulets chaque fois qu'il venait rendre visite à son fils. En beau-père attentionné, il les rapportait à ma mère, très fier d'avoir pu les lui cuire sur le radiateur bouillant de son teuf-teuf.

Pour l'heure, la voiture à cheval a été son moyen de locomotion, d'autant plus normal pour notre grand-père qui se déclare cocher dès qu'il arrive sur place. Nous avons pu reconstituer son parcours provençal, non sans difficultés car il a quelque peu navigué dans un pays qu'il ne connaissait pas, nous savions seulement qu'il avait fondé une famille au Luc dans laquelle est né notre père Eugène en 1893. La découverte des circonstances de son mariage avec Joséphine Robert (avec des documents précieux joints à l'acte) a été l'élément décisif pour savoir ce qui s'était passé dans la période antérieure. Nous allons vous conter ce feuilleton.

Un bon cocher doit aussi bien savoir mener sa barque

Peut-être était-il venu sur recommandation, peut-être avait-il suffisamment d'entregent pour trouver une bonne place lui-même. Toujours est-il qu'on le retrouve de suite installé dans la commune de Seillans. Je ne vous laisse jamais tomber quand vous ignorez de quoi l'on parle. Seillans est un charmant village perché dans le Var oriental. C'est tout près de Fayence, près des Alpes Maritimes à mi chemin entre Draguignan et Grasse et à la verticale de Saint-Tropez. Vous avez repéré? si vous y allez vous ne le regretterez pas car le village a le label très envié des plus beaux villages de France. Le président de cette association m'avait expliqué que sa commune (Gordes) avait eu la "chance" d'être délaissée par l'urbanisation et la technologie de la première moitié du XXème siècle. Ce qui l'avait préservée de constructions et reconstructions malheureuses. C'est exactement ce qui est arrivé à Seillans. Sa démographie est éloquente  : 2500 habitants en 1800, encore 1800 l'année où Jules est descendu de cheval, enfin 700 à l'époque du creux de 1950 subi par la plupart des communes rurales en France.
Jules n'était bien sûr pas venu faire du tourisme. Il s'était fait embaucher comme cocher par une riche propriétaire qui avait du monde pour la servir. En effet, le service du recensement a dénombré, en 1886,  six personnes qui vivaient sous son toit. Outre Jeanne de Rostaing, 35 ans propriétaire et veuve (pas de rubrique pour dire si elle était jolie) et mon grand-père Jules, 22 ans cocher et célibataire, déjà cités, il y avait dans l'ordre quatre autres personnes : Alphonse Jacquet, 25 ans valet de chambre et célibataire, Marie Lebarge, 26 ans fille de chambre et célibataire, Jacques Adolphe Bonnefoy, 60 ans homme d'affaires et chef, enfin Alexandrine Driali, 54 ans cuisinière et femme. Dans le formalisme des recensements, la qualification des deux derniers signifie qu'ils étaient mariés. L'homme est en effet toujours qualifié de chef de famille, ou de ménage ou chef tout court comme c'est le cas à Seillans. Adolphe était donc simplement le chef de sa femme. On ne fera pas de suppositions sur les affaires qu'il avait à traiter.


Seillans est loin de tout, dans l'est des contreforts de l'Esterel. Comment Jules a-t-il pu faire la connaissance d'une jeune fille originaire du far-west varois, à l'autre extrémité, aucun acte ne peut en faire état. C'est une petite frustration, dans cette quête aux états civils, de ne pas avoir l'explication de ce qui a été à l'origine de ceux-ci.

Puisque Jules était cocher, il a pu emmener sa jeune veuve propriétaire rendre visite à des connaissances plus ou moins lointaines. Et pourquoi pas à Brignoles, cité du centre Var très bourgeoise. Et en attendant que sa patronne en ait terminé, il n'est pas interdit au cocher de regarder autour de lui, Brignoles est une cité active, on peut y croiser de belles filles pas (trop) farouches. Je sais qu'à cette époque l'une d'elles qui sera ma grand-mère était domestique cuisinière dans une famille aisée.
Alors pourquoi pas? se non è vero, è ben trova.

Sa belle-fille (il s’agit d’Olinde) a écrit dans ses souvenirs que Jules avait aussi été cocher d’Alphonse Karr à Saint-Raphaël. Pas longtemps alors.
Trois de nos grands parents sont varois

Il est temps de faire connaissance avec le quatrième élément du quatuor des grands parents, à qui sera confié la mission impossible de convertir à la culture provençale un Bressan dont il m'a été rapporté qu'il était fort têtu. Je ne lui en veux donc pas d'avoir échoué dans cette tâche, à cette sympathique grand-mère dont je ne peux vous offrir que la seule photo qui existe d'elle. (entre parenthèses c'est déjà mieux que pour son époux). De plus, si la fratrie a hérité de bons ou moins bons côtés héréditaires des gens du Nord, il est bon que l'on puisse sentir en chacun d'entre nous des saveurs et des senteurs de terroirs variés.

Notre Joséphine provient du troisième des territoires du Var que nos ancêtres nous ont légués.  Après le centre Var et ses plaines rurales des Gibelin, après les paysages variés du littoral méditerranéen aux populations cosmopolites des Serre et des Lamoudru, nous atteignons les limites septentrionales du département. C'est un terroir à la fois secret et ouvert, je m'explique.

Pour nos anciens du littoral varois, rejoindre les villages bordant les gorges du Verdon représentait une vraie expédition à cause du relief et l'absence de voies de communication dignes de ce nom.
 
Le territoire plus spécifique auquel nous nous intéressons semble il est vrai tourner le dos au reste du département. Les communes voisines de La Verdière et de Ginasservis s'ouvrent par contre à plusieurs territoires contrastés extérieurs au département. En bordure nord-ouest du Var, il est aussi aux limites sud-ouest des Alpes de Haute Provence, nord-est des Bouches du Rhône et sud-est du Vaucluse. Ainsi, de Ginasservis, on peut à pied faire un circit passant, dans le sens des aiguilles d'une montre, dans les départements 83, 13, 84 et 04.

Confluent de pays, de routes mais aussi de rivières, c'est à cet endroit que la Durance et le Verdon se marient, peu après les gorges et le lac de Sainte Croix formé par ce dernier. Gréoux les Bains et Manosque sont à quelques encablures. Le village limitrophe de Saint-Paul lès Durance abrite le plus grand complexe nucléaire français, le massif forestier de Cadarache s'étend dans la commune jusqu'au pied du village. Et de celui-ci on est aux premières loges pour voir s'ériger les gigantesques installations qui abriteront ITER, projet mondial pour assurer notre survie en énergie à partir des années 2050.

Alors trou perdu ou nombril du monde, c'est selon.

Le climat, le mode de vie et la culture sont bien spécifiques. U témoignage dans les listes d'état civil est donné par des noms simples, souvent des prénoms comme notre grand-mère, les prénoms eux-mêmes sont courts et uniques.

Bienvenue aux Robert, aux Aubert et aux Gombert

naissance de la grand mère Joséphine    naissance de son père Joseph Robert   naissance de sa mère Rose Aubert à La Verdière
Joséphine Robert voit le jour à Ginasservis le 14 février 1865. Son père est Joseph Robert,il a 50 ans, sa mère Rose Aubert en a 39. Longtemps j'ai pensé qu'elle était fille unique et tardive car aucun autre petit Robert n'était répertorié à Ginasservis. Il fallait comprendre qu'après leur mariage qui avait eu lieu le 1 juin 1845 (à 9 heures du soir, est-il précisé, peut-être en raison des travaux agricoles) à La Verdière commune limitrophe, où était née la jeune épousée, le couple était resté sur place.

La vie dans ces communes ne conduisait visiblement pas à l'opulence. On comprend que les jeunes mariés n'aient pas eu d'autre solution que de venir habiter chez les parents de Rose qui occupaient une petite maison dans le haut quartier de la Chapelle, encore appelé Isle 2ème du village de La Verdière dans les recensements. Et puis Rose était toute jeune, 19 ans, étant née à La Verdière le 18 novembre 1825.
L'union de deux couples en pleine activité n'était pas non plus une mauvaise idée car j'ai comme l'impression (mais je peux me tromper) que les terres de la Verdière étaient plutôt arides. Le père de Rose, Joseph Aubert, était né sous la révolution en 1797 à Gréoux dans les Basses Alpes et résidait dans la commune proche de Tavernes, il s'était marié aussi à La Verdière avec une habitante de la commune Marie-Louise Claire Gombert, elle-même issue d'une famille de cultivateurs de la Verdière, Jean Gombert et Marie Arnaud.
Je n'avais pas menti, tout est simple et tous sont cultivateurs dans les ascendants maternels Aubert de Joséphine. Mais du côté paternel c'est aussi limpide, jugez-en : un père Bache (un petit plus) Joseph cultivateur né en 1782 (grand père Antoine, grand-mère Marie Philibert) une mère Julie Pourpe née en 1789 (grand-père Marc, grand-mère Marie Fabre). Ils se sont mariés en 1811 à Ginasservis.

                

mariage des parents Robert à Ginasservis        mariage des parents Aubert à La Verdière


J'ai cité les noms des trois générations d'ascendants de grand-mère Joséphine qui me fait ainsi cadeau de quatorze nouveaux ancêtres, je les trouve fort à ma convenance, on ressent chez eux une simplicité dans la pauvreté et la  robustesse, je constate en effet qu'il y a peu de décès en bas âge.

Avant la naissance de Joséphine, ses parents ont donc résidé à La Verdière. Avec la naissance d'un premier fils en 1846 prénommé Célestin Bénoni (là on commence un peu à compliquer les prénoms) qui sera aussi appelé Benoît. Il sera le témoin de sa petite soeur quand celle-ci se mariera avec Jules Bouvant. Puis vient en 1849 un deuxième fils Damase Félix qui préférera le second prénom.

En 1855 après le décès de la maman de Rose, les parents de Joséphine s'installent avec Joseph père devenu veuf dans une autre maison au 25 du 3ème Isle. C'est là que naîtra en 1859 Marie Augustine Céline (on se met au diapason des prénoms à la mode).

Entre 1861 et 1866, je ne peux pas être plus précis, la famille a l'opportunité de venir à Ginasservis habiter en une bastide suffisamment grande car elle était occupée jusqu'alors par les Lieuteaud foyer de 6 personnes. Le lieu dit, la montagne Aubanel, est situé entre le Plan et la Gavotte. Mais les plans cadastraux ne m'ont pas fait la grâce de les indiquer. Si bien que je ne peux les localiser sur la vue satellite. Je pense que c'est à l'est du village. Si c'était à l'ouest ce serait sur le site des énormes bâtiments du CEA, ce qui n'aurait rien changé pour elle, mais qui me peinerait!

C'est là qu'apparaît la dernière née des Robert, Joséphine (un seul prénom) dont bien entendu nous sommes privés d'informations sur toute sa jeunesse jusqu'à son mariage. Vous avez déjà eu sa photo, vous en savez donc autant que moi.

Une relation entre un cocher et une cuisinière qui se termine bien

Nous passons donc à Brignoles où Joséphine a trouvé un emploi dans une famille bourgeoise. Le recensement de 1886 indique en effet qu'elle partage le toit de cette famille Veyan avec le titre de domestique. Sa composition mais surtout l'âge de ses membres m'a laissé dubitatif. Il y a le chef de ménage (terme usité à Brignoles) qui est avoué, a 39 ans et son épouse 31. Avec 4 enfants, trois filles de 16, 15 et 14 ans, un garçon de 12 ans. Pas impossible, mais j'ai pris l'habitude de prendre avec des pincettes les âges couchés par les recenseurs sur leurs registres. Ils n'allaient tout de même pas demander de pièces justificatives. Tant pour les professions que pour les âges, ils se fiaient aux réponses qu'on leur donnait, et quand il n'y en avait pas, ce qui devait être fréquent, ils improvisaient. Donc passons pour la trop jeune mère.

Ce qui m'intéresse plus est qu'il y avait deux personnes au service de cette jeune famille. Notre Joséphine, 20 ans notée comme domestique, et une femme de ménage de 39 ans qui devait assumer les tâches d'entretien ménager classique laissant à notre future grand-mère le soin de s'occuper des enfants et surtout de la cuisine. Ce qui a du lui procurer une excellente formation. Au point qu'au sortir de cette place pour se marier, elle pouvait écrire dans la case profession "cuisinière" ce qui a du bien plaire à Jules. Car ils ont fait connaissance, et maintenant que vous l'avez vu écrit un peu plus haut, cette rencontre s'est réellement déroulée comme je vous l'ai indiqué. Vous n'ignorez pas qu'une fois qu'un fait a été écrit dans un livre sérieux (c'est le cas du mien) il devient historique. C'est ce que m'a dit un historien (présenté comme tel) à qui j'avais donné un renseignement dont je n'avais pu m'assurer de la véracité  "j'ai rapporté vos propos dans mon livre, alors maintenant qu'il est diffusé cela devient historique". Mais lui ne plaisantait qu'à moitié. La différence est que moi je n'écris pas l'Histoire mais notre histoire.

L'idylle a dû être rondement menée puisque les anneaux ont été échangés l'année même, quoique de justesse, ce fut le 28 décembre 1866. Mais une âpre recherche a du être menée pour trouver trace du mariage. En effet rien au Luc où la famille prospéra régulièrement à partir de 1887 et rien dans la commune de naissance de Joséphine. Bien sûr, avec les moyens actuels, on peut en restant dans son bureau aller fouiner dans n'importe quelle commune, mais il y en a 36000. En se limitant au Var il en reste encore 156. Un peu d'imagination donc. la jeune Joséphine coincée à Brignoles par son travail a demandé à ses parents de préparer son mariage chez elle. Rose sa mère était de La Verdière et venait à peine d'en sortir, elle a eu plus de facilité pour organiser ce mariage dans cette commune. Banco! le document du mariage Joséphine et Jules est bien là.
Un mariage à La Verdière

Nous avons déjà fait connaissance avec ce village voisin de Ginasservis et de Tavernes. Jules allait le découvrir en s'y mariant le 28 décembre 1886. Cette connaissance s'est certainement limitée à la mairie et la maison de réunion. Mais les traces qu'il y a laissées sont d'un grand intérêt pour ceux qui comme moi ont cherché à en savoir plus sur ce grand-père qui m'a-t-on dit, n'était vraiment pas disposé à parler de sa famille. Car outre l'acte en bonne et due forme, le maire a tenu à faire figurer dans le registre communal des pièces demandées par la loi dont seule la citation est faite dans tout autre acte. On a l'impression qu'il a cherché à se couvrir avec un maximum de justifications pour avoir accepté de marier deux jeunes gens n'étant ni l'un ni l'autre natifs de sa commune. C'est particulièrement vrai pour ce jeune homme d'à peine 22 ans venu d'on ne sait où, ne serait-il pas en fuite voire en cavale? les pièces administratives ont du rassurer l'édile qui a jugé toutefois utile de les joindre à l'acte, je l'en remercie car elles nous en apprennent plus que de longs discours.

Des documents administratifs très bavards

Voyons d'abord quelles étaient les personnes présentes pour le mariage. Notre grand-mère future épouse, tout juste majeure, était sous la protection de ses parents Joseph Robert qui avait 72 ans et Rose Aubert qui venait de dépasser la soixantaine. N'oublions pas que Joséphine était la benjamine de la famille, elle avait presque 20 ans d'écart avec son frère aîné. Etant sur place ils ont donné leur consentement "de vive voix" il n'y a donc pas besoin de pièces au dossier.

Outre les deux jeunes époux, il y avait les quatre témoins requis par la loi. D'abord Fortuné Reboul et Lazare Mourou, tous deux cultivateurs, âgés de 45 ans et domiciliés à La Verdière, donc des amis des parents Robert et Aubert. Le troisième témoin n'est autre que le grand frère de Joséphine, Robert Bénoni qui a atteint la quarantaine et qui est allé s'établir comme cultivateur dans le village proche de Quinson, limitrophe de la Verdière, à notre époque bien connu des touristes, situé en amont des gorges basses du Verdon, entre ses deux retenues d'eau très fréquentées de Sainte-Croix et d'Esparron.

mariage des parents Robert à Ginasservis        mariage des parents Aubert à La Verdière


Le quatrième témoin est le seul à venir d'une commune plus éloignée, c'est Marcel Rimbaud qui est l'époux de la soeur cadette de Joséphine, il réside à Brignoles où il est cocher lui aussi. Son métier donne peut-être une autre version sur la rencontre entre Jules et Joséphine que celle que j'ai inventée! Le lieu de résidence de la soeur de Joséphine nous explique avec une quasi certitude que c'est elle qui lui a permis de trouver une place à Brignoles. Ce qui lève le dernier coin d'ombre sur l'existence pré matrimoniale de la jeune fille.

Comme vous l'avez noté il n'y avait à ce mariage aucun représentant de la famille Bouvant en dehors du principal intéressé, ce qui n'a pu qu'alimenter la défiance du maire à son égard.

Nous pouvons lire deux copies des actes de naisssance des futurs époux, reproduits par les maires des communes de Ginasservis et de Trévoux dans l'Ain, elles sont bien conformes aux actes authentiques qui sont conservés dans ces deux communes.
                

La loi impose que des bans préalables soient publiés par la mairie où sera célébré le mariage (par deux fois et au plus tard 10 jours avant la cérémonie). Il était coutume de le demander aussi dans chacune des deux communes dont sont issus les futurs époux s'ils habitaient en dehors de celle du mariage. Pour Joséphine, dont la famille est bien connue du maire de La Verdière, celui-ci indique que les bans qu'il a publiés dans sa mairie les cinq et douze de ce mois n'ont pas donné lieu à opposition. Mais il ne fait pas état de bans qui auraient été publiés à Ginasservis. On est un peu en famille il est vrai, dans ces deux communes.

Pour Jules par contre la suspicion du maire s'étale. Il exhibe le certificat de non opposition en provenance de la commune de Saint André de Corcy dans l'Ain, en date du 15 décembre, faisant état de non opposition aux bans qui ont été régulièrement publiés les cinq et douze de ce même mois. Ce qui attire l'attention est que l'adjoint de la commune signe ce certificat du nom de A.Bouvant. Et ce qui surprend plus est l'attestation apposée sur le document par le président du tribunal civil de Trévoux à qui on a demandé de légaliser la signature de ce A. Bouvant pour la qualité qu'il a prise. Dans l'état actuel de nos connaissances, pas d'explication sur les causes de cette méfiance ni sur la personnalité de cet adjoint Bouvant qui est suivant une expression chère à Olinde Bouvant, inconnu au bataillon dans la tribu des Ambarres qui peuplaient alors ce territoire entre Allobroges et Séquannes, connu de nos jours sous les noms de Bresse et Dombes. Last, but not the least, ce certificat suspect n'avait pas lieu d'être puisque Jules n'habitait plus dans l'Ain mais à Seillans dans le Var; il a omis de fournir ce détail certainement pour éviter qu'une publicité de son mariage soit faite dans ce petit village où il résidait depuis peu.
Une autorisation parentale chèrement acquise


Pour autant, cela n'aurait pas suffi à Jules pour pouvoir se marier. Bien qu'étant majeur (depuis un peu plus d'une année) il lui a été demandé de produire une autorisation de ses parents. Celle-ci nous est livrée, sa lecture est une délectation.

Il s'agit d'un document établi par Ph. Gayot et son collègue notaires à Trévoux. Il certifie que :

Par devant Me Gayot et son collègue notaires à Trévoux, Ain, soussignés ont comparu Eugène Claude Bouvant entrepreneur de voitures publiques (sic), avec lui et sous son autorité expresse (resic) Marie Bernard son épouse, ont conjointement déclaré par les présentes donner leur plein et entier consentement au mariage que leur fils Jules François Bouvant, leur fils majeur, cocher demeurant à Seillans (Var) se propose de contracter avec Mlle Joséphine Robert, cuisinière, demeurant à Brignoles, fille majeure, etc.

Les notaires magnanimes donnent ensuite tous pouvoirs pour réitérer le présent consentement partout où besoin sera.
signatures : Femme Bouvant et Bouvant

Si vous pensiez qu'il suffisait d'être majeur pour avoir le droit de se proposer de contracter un mariage, vous êtes loin du compte. Précisons que ce document essentiel (!) dûment tamponné et paraphé a été enregistré au greffe de Trévoux le 27 novembre 1886. Ce qu'il apporte pour moi de plus essentiel, c'est le lieu de résidence à la fois de Jules (Seillans) et de Joséphine (Brignoles) sans quoi on n'aurait pas pu savoir ce que faisaient ces deux jeunes gens avant leur mariage.

Un autre point de "détail" m'a laissé pantois, c'est la signature que vous pouvez contempler en bas du document, de l'épouse Marie Bernard, mon arrière grand-mère; elle est venue chez le notaire avec son époux et sous son autorité expresse. Elle appose tout simplement en belle écriture appliquée "Femme Bouvant". Un paraphe en marge pour 3 mots rayés confirme qu'elle se revendique (?) FB!!


C'est au Luc en Provence que naît la famille Bouvant


Les formalités (c'est vraiment le terme approprié) de mariage accomplies le jeune couple va faire souche au Luc en Provence, chef lieu de canton auquel appartient le Cannet commune voisine. Lui est cocher, elle cuisinière, sans être inscrit à Pôle Emploi mais avec un peu d'entregent, on devait à cette époque se tailler une petite place avec de telles qualifications.

Le premier enfant est venu assez vite puisque Antoine Augustin Bouvant naissait le 12 novembre 1887. Depuis que j'ai pris connaissance d'extraits d'arbres généalogiques produits par des logiciels tenant compte des registres de naissance, ce fils aîné de la fratrie de mon père m'a intrigué. Personne n'avait fait état de son existence dans la famille, je me doutais qu'il n'avait pas survécu, mais la commune du Luc n'a jamais fait état d'un décès. L'hypothèse que l'enfant ayant une maladie, et que Joséphine soit allée à Brignoles où elle avait eu par ses employeurs de bonnes adresses de médecin pour tenter de le sauver, a conduit à retrouver la date de décès d'Antoine dans cette commune le 18 octobre 1890. Le petit garçon n'avait que 3 ans, cela explique que par la suite il n'en est as été fait mention par ses frères et soeurs à leurs propres enfants.

naissance au Luc et décès à Brignoles à l'âge de trois ans du frère aîné d'Eugène Bouvant

Deux enfants seront Lucois

Entre temps était né un deuxième enfant qui du fait du décès d'Antoine, deviendra l'aînée. Il s'agit de Marie Thérèse née le 20 juin 1889. C'est elle qui fera souche à Saint-Tropez où elle mena de main de maître(sse) sa maisonnée, composée de quatre filles et un époux huissier. Ceci pour ce que j'en ai perçu, ma connaissance personnelle étant limitée à un été vécu ensemble par nos deux familles dans la maison familiale des Bouvant sur le port de Saint-Tropez. Sous les noms de Maneille, puis Dieudonne, XXX et Béraud, ces cousins font partie des "vraies" familles de Saint-Trop envahi par les célébrités et les touristes en goguette.
Très rapidement, vraisemblablement en 1889 ou 1890, Jules était sorti de sa condition de cocher pour gérer un café au 37 de la rue de la République. C'est ainsi qu'il apparaît lors du recensement de 1891. Il a 26 ans, Joséphine aussi, et la petite Marie Thérèse est donnée pour 18 mois, tout ceci est à peu près exact.

Le 19 août 1893 naît Eugène Fortuné, dont l'épouse Olinde, dernière dernière du nom de deux très longues lignées varoises, les Gibelin et les Serre, intégrera leur héritage généalogique à celui des Bouvant en 1920. A partir de là ceux-ci, à commencer par les huit enfants qui vont naître, vont se multiplier dans leur lieu de résidence, Lyon. Olinde en a fait une relation personnelle dont le manuscrit a été reporté sur internet.




L'installation à Solliès-Pont

En 1894 ou 1895, nouvelle prise d'un café mais cette fois-ci à Solliès-Pont. Jules est maintenant bien établi comme limonadier. Cette appellation est devenue désuète de nos jours mais elle avait tout son sens à l'époque, elle l'a gardée longtemps. Il y a quelques années encore l'organisme national représentant l'activité s'intitulait "syndicat des hôteliers limonadiers et restaurateurs" nom qui existe encore sous certaines formes dans des régions telle que le Cantal.

La petite famille qui comprend maintenant 4 personnes avec Marie et Eugène, habite avenue de la Gare, qui est un cul-de-sac, sa vocation étant comme son nom l'indique de conduire ou aller chercher les voyageurs de ce nouveau moyen de locomotion qu'est le chemin de fer. Si vous avez lu l'histoire des Gibelin, vous avez appris que c'est sur la ligne qui passe à Solliès-Pont, à peine une vingtaine de kilomètres à l'est, que se situe Carnoules, important dépöt de locomotives qui causèrent la mort de Rolin à 25 ans.


Ironie du sort : de l'autre côté de la voie de chemin de fer, ce qui était la campagne coupée du village par les rails est maintenant un quartier neuf qui a surgi dans les années 1980. Dans lequel on a donné à l'une de ses voies le nom de Charles Bouvant, petit-fils de Jules, mort dans l'explosion du Bretagne lors de l'attaque de la flotte française par les Anglais à Mers-el-Kébir, un 3 juillet 1940. La destinée n'a pas laissé à celui-ci le temps de se marier et d'avoir une petite fille comme cela était déjà arrivé deux fois chez nos ancêtres. Lui n'avait que 18 ans.
                   

Le Bar Central à Solliès-Pont, à l'extrémité de la rue Notre Dame où allait habiter (au n°5) la famille dans les années qui suivent. Il est à l'angle de cette rue et de la rue de la république qui était, elle l'est toujours, la grande rue commerçante qui traverse la commune. A deux pas du pont sur le Gapeau qu'elle enjambe.

C'est donc là que naquit Joany Louis le 22 mars 1997 (la page de son acte de naissance manque dans le registre de Solliès), on le connaîtra sous le prénom plus moderne de Louis. Deuxième Bouvant mâle, il s'établira à Toulon et c'est autour de cette agglomération que vont se répartir une deuxième nuée de Bouvant, il aura en effet 9 enfants. L'aîné des garçons vient d'être évoqué, c'était Charles. En 2011 vivait à Solliès-Pont, dans la maison de retraite à deux pas de la rue Notre dame et du Bar Central, l'aînée de la fratrie et seule survivante, Maddy (Madeleine).

Le dernier enfant de Joséphine et Jules sera Eugénie Claire (on gardera Claire) qui naît le siècle franchi, le 5 mai 1900. Elle se mariera le 6 novembre 1920, quelques mois après Eugène, à Lyon, avec Adrien Joseph Coup.

Flash sur le 20 ème siècle pour terminer

En 1906, au 92 rue de la République, c'est à dire dans la maison ayant le bar au rez-de-chausssée, Jules est devenu "patron" limonadier, les quatre enfants sont toujours chez leurs parents, Marie a 19 ans, Claire en a 5.

Ce ne sera plus le cas en 1911 puisque seuls Louis et Claire seront encore présents pour quelque temps chez leurs parents.

Ce qu'ont fait Jules et Joséphine après le départ de leurs enfants n'est pas consigné en mairies, je n'en ai donc pas l'idée. Il est sûr qu'ils ont émigré à l'est. Joséphine est décédée en 1932 à Nice d'une maladie semble-t-il mal soignée, à 67 ans.

Jules va mourir au début de la guerre, en 1942. Mais c'est paradoxalement son acte de naissance qui va nous indiquer brièvement ce qui lui est advenu après la mort de Joséphine. En la commune de Trévoux dans l'Ain, on a reporté en effet en marge deux notes successives : "marié à Nice le 18 mars 1933 avec Bernard Marie Thérèse Joseph Louise Angèle; le greffier Daval" et une autre "mariage dissous par jugt du Tal civil de Nice du 21 juillet 1942, transcrit le 1 décembre 1942 à Nice, le 8 décembre xx".

On disait dans la famille que c'était un original, euphémisme de la part de certains, je ne citerai pas les autres qualificatifs entendus. Ce mariage fut certainement sa dernière originalité, à commencer par le nom de sa seconde épouse, exactement celui de sa mère, Marie Bernard (je gomme les trois autres prénoms exotiques) vous savez, celle qui signait Femme Bouvant en l'autorisant à se marier, sous l'autorité expresse de son époux.
Il repose dans le très beau cimetière marin de Saint-Tropez.